Au cœur de la Méditerranée, la Sicile, que les Grecs appelaient Trinacrie en raison de sa forme triangulaire, occupa une position stratégique qui en fit durant des siècles un carrefour d’échanges et un lieu de conquêtes et de rencontres. Échanges de marchandises, rencontre des cultures, à travers les dominations successives des Phéniciens, des Grecs, des Romains, des Byzantins, des Arabes, des Normands, des Angevins et des Aragonais. Tous y laissèrent leur empreinte et sont à l’origine d’un patrimoine d’une exceptionnelle diversité. Faire un voyage culturel avec Arts et Vie, c’est donc retrouver les différentes strates de ce précieux palimpseste.
L’antiquité grecque, tout d’abord, avec les villes d’Agrigente, de Syracuse ou de Taormine. Taormine et son célèbre théâtre gréco-romain dominant sur son promontoire rocheux les eaux étales de la mer ionienne. Agrigente, « la plus belle des cités mortelles » (Pindare) fondée en 582 av. J.-C. par des Grecs venus de la cité voisine de Géla. La ville s’imposa très tôt comme l’une des colonies les plus brillantes et les plus prospères du monde méditerranéen.
Un voyage culturel vous mènera à la découverte de la vallée des Temples classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette vaste zone archéologique couvre le territoire de la cité antique, depuis le rocher d’Athéna jusqu’à l’acropole qui abrite la nécropole et sur laquelle se dressent les silhouettes hiératiques des grands temples doriques dédiés à Zeus et à Héraclès, aux Dioscures et à la Concorde. Syracuse, que Cicéron présentait « comme la plus belle et la plus grande des villes grecques » offre, quant à elle, un témoignage unique du développement de la civilisation méditerranéenne durant trois millénaires. Le centre historique de Syracuse ainsi que la nécropole de Pantalica ont été classés au Patrimoine mondial de l’Unesco. La nécropole à ciel ouvert compte plus de 5 000 tombes taillées à même la roche et datant d’une période comprise entre le XIIIe et le VIIe siècle av. J.-C..L’ancienne Syracuse ou Pentapolis présente cinq parties encore visibles aujourd’hui, dont Ortygia, base de tous les développements urbanistiques et architectoniques des époques suivantes. Cette partie recèle des vestiges du temple d’Apollon, construit dans le style dorique et le plus ancien de la Grèce occidentale, et le temple d’Athéna, reconstruit comme cathédrale baroque à la fin du XVIIe siècle. La Néapolis abrite un théâtre, un amphithéâtre, les latomies et le tombeau dit d’Archimède.
Palerme, Catane, Monreale et Cefalú portent une autre mémoire : celle de l’occupation normande puis de la domination arabe. Datant de l’époque du royaume normand de Sicile, la Palerme arabo-normande et les cathédrales de Cefalú et de Monreale témoignent d’un syncrétisme entre les cultures occidentale, islamique et byzantine de l’île , à l’origine de nouveaux concepts d’espace, de construction et de décoration. Les monuments comprennent le palais des Normands et la chapelle Palatine, le palais de la Zisa, la cathédrale de Palerme, la cathédrale de Monreale et la cathédrale de Cefalù, l’église Saint-Jean-des-Ermites, l’église Sainte-Marie-de-l’Amiral, l’église San Cataldo et le pont de l’Amiral. On peut admirer toute la richesse de ce syncrétisme architectural et ornemental dans les sculptures, les marqueteries, les mosaïques sur fond d’or et les pavements en opus sectile faits d’une géométrie savante de pierres noires, blanches et jaunes. À l’image du patrimoine, les musées de Sicile sont d’une exceptionnelle richesse. Un voyage culturel vous fera visiter le musée des Beaux-Arts de Catane ou encore la Galleria Regionale della Sicilia. Là se trouve l’admirable Vierge de l’Annonciation d’Antonello da Messine, dont « le visage », écrit l’historien Mauro Lucco, « dépouillé de tous les incidents et contingences terrestres ou célestes […] atteint à l’intacte pureté absolue de l’ovale.
