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Europe

Rosa Bonheur, l’exposition hommage

Article partenaire avec l’Objet d’Art
Par Constance Arhanchiague
Artiste acclamée de son vivant et internationalement reconnue, Rosa Bonheur tomba dans l’oubli après sa mort en 1899. À l’occasion du bicentenaire de sa naissance, le musée d’Orsay remet à l’honneur la plus grande peintre animalière du XIXe siècle, en présentant au public ses nombreux chefs-d’œuvre. Une exposition événement que l’on attendait depuis longtemps ! En 200 œuvres, parmi lesquelles des tableaux encore jamais montrés en France et des prêts de collectionneurs, le parcours donne à voir au public un large aperçu de la production de Rosa Bonheur, et éclaire le travail d’élaboration d’une œuvre originale.
Une artiste qui renouvela le genre de la peinture animalière
Observant et chérissant les animaux depuis sa plus tendre enfance, Rosa Bonheur disait qu’elle avait « pour les étables un goût plus irrésistible que jamais courtisan pour les antichambres royales et impériales ». À l’encontre de la tradition du grand portrait princier et des sujets historiques et mythologiques alors en vogue, Rosa Bonheur imposa ses peintures animalières et relégua l’humain au second plan, dans une approche novatrice.
Selon Sandra Buratti-Hasan, il est probable qu’elle ait choisi la peinture animalière en étant consciente qu’il y avait là un créneau à prendre. Aurait-elle pu se faire une telle place dans le genre de la peinture d’histoire compte-tenu de la concurrence ? Cette perspicacité n’est pas la moindre marque de son intelligence. Ses sujets champêtres et animaliers offraient alors à sa clientèle bourgeoise une peinture bien plus accessible intellectuellement que la peinture d’histoire, et très séduisante en raison de son enracinement dans des terroirs profonds, opposés à la société urbaine et industrialisée.
Si les sujets animaliers existaient déjà, Rosa Bonheur s’y consacra exclusivement, ce qui n’était pas le cas de ses prédécesseurs, et se tailla ainsi une place privilégiée dans un genre tardivement reconnu.

Le choix du réalisme pour « capturer l’âme »
Deux camps s’opposaient alors dans la représentation de l’animale : d’un côté les romantiques qui livraient des portraits sensibles voire psychologiques, et de l’autre les réalistes qui privilégiaient une représentation descriptive, visant à saisir l’animal de manière neutre selon des codes qui prévalaient dans les pastorales et les scènes de labourage. Loin d’un romantisme lyrique et à bonne distance de la dureté d’un Courbet, Rosa Bonheur développa une œuvre d’un réalisme mesuré, compatible avec ce que fut le goût de la peinture non seulement des institutions artistiques du Second Empire et de la IIIe République, mais aussi de sa riche clientèle européenne et américaine.
Durant toute sa carrière, elle s’est intéressée à l’animal dans son environnement, à rebours du pittoresque ou de l’anecdote, pour entreprendre de traduire le « sentiment vrai de la nature ». Son attention extrême portée au mouvement et aux expressions des bêtes fit dire à Théophile Gautier, s’extasiant devant ses taureaux du Cantal : « quelle vérité et quelle observation parfaite ! ».

Sa volonté de peindre fidèlement les caractères physiques et les attitudes des animaux sans trahir les espèces se nourrit d’apprentissage et de travail. L’exposition en rend bien compte, en associant aux toiles grand format des études préparatoires. Rosa Bonheur multiplia les croquis, études, et ébauches. Elle utilisa même la photographie qu’elle pratiqua un peu elle-même, pour se documenter davantage sur la vie animale.
Considérant que les animaux avaient une âme qui légitimait l’attention qu’on devait leur prêter, Rosa Bonheur individualisa ses sujets dans des œuvres qui s’apparentaient à des portraits, les représentant en gros plan, frontalement ou de profil, comme cette saisissante tête de lion au regard perçant. Elle observait tout particulièrement le regard des bêtes, considérant que « c’est là que se peignent les volontés, les sensations, les êtres auxquels la nature n’a pas donné d’autres moyens d’exprimer leurs pensées ». Elle disait elle-même qu’elle voulait devenir la « Vigée Lebrun des animaux », en référence à la grande portraitiste de Marie-Antoinette, montrant par là son ambition d’imposer ses peintures animalières avec la force du portrait et de dévoiler toute la puissance de l’âme animale.

Féministe avant l’heure
Femme de combats, Rosa Bonheur était une véritable légende en son temps. Avant toute chose elle s’est battue pour pouvoir devenir artiste et vivre de sa peinture dans un contexte où les institutions artistiques étaient dominées par les hommes.
Bataillant pour légitimer ce statut de femme peintre et s’affirmer comme l’égale de ses confrères hommes, elle transgressa les codes de son époque pour vivre farouchement libre dans un siècle encore très corseté, devenant ainsi une figure de l’émancipation des femmes. Elle refusa notamment de se marier et partagea sa vie affective pendant plus de cinquante ans avec son amie d’enfance Nathalie Micas, troqua la robe pour le pantalon, porta les cheveux courts et fuma le cigare…
La ménagerie du château de By
Autre aspect qui contribua à sa légende, elle vécut pendant plus de quarante ans au milieu d’une ménagerie, composée d’animaux domestiques, sauvages et agricoles. En 1860, elle s’installa dans une vaste demeure en lisière de la forêt de Fontainebleau, le château de By, où elle logea une véritable arche de Noé : chiens, moutons, bœufs, chevaux, sangliers, cerfs, et même une gazelle et un couple de lion. Brouillant complètement la frontière entre animaux sauvages et domestiques, elle nomma sa jument « Panthère » et son cerf « Jacques ».

Par l’ampleur de sa ménagerie, elle s’est libérée des contraintes qui pesaient auparavant sur les artistes animaliers. Alors que ses prédécesseurs travaillaient d’après des animaux morts ou en captivité, au Jardin des plantes par exemple, n’instaurant aucun dialogue avec leurs sujets dont la réactivité et le regard étaient éteints, Rosa Bonheur put à l’inverse continuellement les observer et en saisir des attitudes singulières. Elle habitua même les animaux à sa présence, en lisant longuement le journal dans le parc aux cerfs ou nourrissant elle-même ses lions qu’elle avait domestiqués et qui vivaient en dehors de leur cage.
Des commandes de l’État français à la renommée internationale
Après des envois remarqués au Salon qui lui valurent une très bonne réception critique, Rosa Bonheur reçut plusieurs commandes officielles de l’État.

La première, le Labourage nivernais, deviendra l’un de ses chefs-d’œuvre. Dans cette toile monumentale, le lien avec le message républicain qui valorise le travail agricole et la richesse de la terre nourricière est évident. Alors que les bouviers et le laboureur sont dissimulés au second plan, les bœufs, massifs et puissants, apparaissent comme les héros de ce tableau qui glorifie le règne animal. Plus que l’homme, c’est l’animal qui travaille et qui souffre, épuisé par le joug et l’ascension de la colline.
Pour sa deuxième commande officielle, Rosa Bonheur voulut proposer Le Marché aux chevaux, que l’État refusa lui préférant un nouveau sujet rural, mais qu’elle présenta au Salon de 1853. Cette toile suscita un très grand enthousiasme auprès de la critique qui exempta définitivement Rosa Bonheur de soumission de ses envois.

of Art, New York
Après avoir remis à l’État La Fenaison en Auvergne dont elle n’était pas satisfaite, Rosa Bonheur choisit de quitter le Salon pour se tourner exclusivement vers le marché de l’art, ce qui lui permit de très bien vivre mais la fit peu à peu sombrer dans l’oubli en France.
Un triomphe à l’étranger
Elle s’associa aux marchands et collectionneurs les plus éminents pour dominer le marché de l’art et conquérir son indépendance financière et morale. Ernest Gambart devint avec les Tedesco l’un des principaux promoteurs de sa peinture à l’étranger. Depuis Londres où il s’était établi, et d’où il valorisait son œuvre animalière, il entreprit de la rendre célèbre outre-Atlantique. Rosa Bonheur connut alors un succès international et compta parmi les artistes les plus convoités et les plus chers de son époque.
Ultime consécration, elle fut décorée par l’impératrice Eugénie elle-même de la légion d’honneur, avec laquelle elle choisit de poser pour la postérité, devenant ainsi la première femme artiste à recevoir une telle distinction. Toute sa vie Rosa Bonheur fut sensible aux honneurs qu’elle reçut au cours de sa carrière et qui furent nombreux. Elle voulait être la meilleure dans son domaine, pour être digne et fière de son statut de femme peintre, destin qu’elle accomplit parfaitement.

Pour aller plus loin :

-le
Le Dossier de l’Art n°299 sur Rosa Bonheur, écrit par l’historien de l’art Bernard Tillier, professeur à l’université Paris I Panthéon.
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Nouveauté ! Pour plus d’articles, retrouvez également l’Objet d’Art sur le site : actu-culture.com
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« Frida Kahlo, au-delà des apparences »
Par Marie Lagrave

Depuis le 15 septembre, une foule plus dense qu’à l’accoutumée se presse aux abords du Palais Galliera, le musée de la Mode de la ville de Paris, situé dans le XVIe arrondissement. Il faut dire que le musée présente en ce moment – et jusqu’au 5 mars – une exposition dédiée à l’immense peintre mexicaine Frida Kahlo. Musée de la mode oblige, il n’est ici pas tellement question de ses tableaux, restés pour la plupart au Mexique ou aux États-Unis, mais bien davantage de la façon dont l’artiste a, toute sa vie durant, façonné son identité et son image, notamment au travers des robes traditionnelles mexicaines qu’elle aimait porter. Une exposition très attendue et fortement plébiscitée qui permet d’approcher l’intimité de Frida Kahlo, aujourd’hui devenue une icône internationale.
Conçue en étroite collaboration avec le Museo Frida Kahlo au Mexique, l’exposition dévoile plus de 200 objets provenant de la fameuse Casa Azul qui vit naître et mourir la célèbre peintre. Au fil des salles, on découvre des photographies la représentant, sa correspondance, les ex-votos qu’elle collectionnait, et bien sûr ses vêtements, bijoux et cosmétiques, ainsi que ses corsets et prothèses médicaux, transformés en véritables supports d’expression artistique. Quelques croquis et tableaux de l’artiste ponctuent le parcours, mais ils restent rares : ce n’est pas là le sujet de l’exposition. De même, si le nom de Diego Rivera, son mari, est bien sûr évoqué, on ne s’y attarde pas, et Frida Kahlo reste la star incontestée. L’exposition débute par un parcours biographique pour nous faire ensuite découvrir comment Frida Kahlo a composé son identité au travers de son handicap, de ses tenues et de ses portraits photographiques.
Une galerie courbe pour un parcours biographique

« Je suis née ici »
Arrivée au Palais Galliera, je m’arrête un instant pour apprécier son étonnante architecture qui oscille entre une géométrie rigoureuse côté jardin et sa façade sur rue en demi-cercle. Après un peu d’attente, j’accède à l’exposition : un court film de Frida Kahlo sert d’introduction, puis le parcours débute dans une longue galerie en courbe, un long couloir arrondi.
« Je suis née ici » : c’est quasiment par ces mots que le parcours de l’exposition commence, soulignant l’attachement de Frida Kahlo à ses racines et au Mexique. Les photos de famille se succèdent, dévoilant ses origines métissées, et montrant Frida enfant, prenant déjà la pose pour son père, photographe de métier. Mais l’enfance de Frida Kahlo, c’est aussi la poliomyélite, maladie qui atrophie sa jambe droite et dont elle gardera des séquelles toute sa vie ; puis son terrible accident de bus alors qu’elle n’a que 15 ans, et qui fera basculer toute son existence. Cet accident apparait d’ailleurs dans l’exposition par un dessin saisissant de Frida Kahlo, presque un croquis, où plusieurs scènes se superposent.
« Je suis née ici » représente également la Casa Azul, où Frida Kahlo naquit et vécut toute sa vie, si l’on excepte ses voyages. Après son mariage, elle y vit avec Diego Riviera, et si la maison accueille les amours et les discordes du couple, elle n’en reste pas un moins un refuge pour Frida Kahlo qui la décore avec soin. Parmi les objets présentés, la collection d’ex-votos notamment, attire mon attention. Source d’inspiration pour l’artiste, ils témoignent de sa passion pour l’art populaire, les thèmes religieux et les traditions mexicaines.
Voyages et correspondance
Le parcours continue, toujours dans cette étonnante galerie courbe, et m’entraine dans deux des voyages de Frida Kahlo. Frida suit tout d’abord Diego aux États-Unis, où ils séjourneront 2 ans, d’abord à New York puis à Détroit. Bien que fascinée par sa modernité, Frida apprécie peu le pays qu’elle surnomme « Gringolandia ». À Détroit, en outre, elle subit une fausse couche traumatisante. Elle peint cependant lors de son séjour plusieurs de ses chefs-d’œuvre.
Quelques années plus tard, Frida Kahlo est invitée à Paris par André Breton qui prépare une exposition en son honneur. Cependant, ses tableaux ne seront finalement exposés qu’au milieu d’autres œuvres mexicaines. C’est une grande déception pour l’artiste, qui dans sa correspondance, s’en prend vivement à Breton et aux surréalistes.
Ces deux voyages permettent néanmoins à Frida Kahlo de faire de nombreuses rencontres, et de lier des amitiés qu’elle entretient par une abondante correspondance. Les lettres échangées avec ses relations viennent clore ce parcours biographique.
De grandes salles pour comprendre la construction de son image
Infirmité et créativité

Après ce long parcours dans cette étroite galerie, j’apprécie les volumes de la salle qui s’ouvre ensuite, sans doute la plus poignante de l’exposition. Ici sont exposés, en ligne, différents corsets portés par Frida Kahlo. Soutiens de son corps brisé, réceptacles de sa douleur, ils témoignent de sa santé de plus en plus fragile. Portés tout au long de sa vie, ils font partie intégrante de sa personne : loin de chercher à les dissimuler, elle les a représentés et mis en scène dans nombre de ses tableaux, comme des allégories de ses souffrances. Certains sont également devenus des supports artistiques. Elle a peint sur l’un la faucille et le marteau, symboles de son attachement au Parti Communiste ; ici, le fœtus de l’enfant qu’elle n’a jamais pu avoir ; sur un autre, une colonne brisée, reflet de sa propre colonne vertébrale…

D’autres dispositifs médicaux sont également exposés, et notamment une prothèse orthopédique, utilisée après l’amputation de sa jambe droite. Admirablement conçue, elle figure une véritable jambe, ornée d’une magnifique botte rouge sur laquelle trône un dragon asiatique. Malgré son handicap, Frida Kahlo n’a en effet jamais cessé d’apporter un soin extrême à ses tenues. Elle les portait comme un véritable étendard de sa personnalité hors du commun, de sa mexicanité et de sa féminité.
Tenues et portraits photographiques

La salle suivante, justement, permet d’admirer quelques-unes des plus belles parures de l’artiste. Bijoux et cosmétiques s’exposent de part et d’autre tandis que de superbes robes trônent au centre de la pièce. La plupart sont des jupes et tuniques traditionnelles mexicaines, brodée de couleurs vives, emblématiques de la région de Tehantepec. L’amplitude des jupes permettaient à Frida de dissimuler ses jambes, tandis que les motifs chatoyants des tuniques mettaient en valeur son buste et la faisait paraitre plus grande. Ces tenues sont devenues un marqueur essentiel de l’identité de l’artiste, qui les portait jusqu’à son chevalet, ce dont témoignent photos et taches de peinture.
Habituée à poser pour son père dès le plus jeune âge, Frida Kahlo conserve ensuite le désir de se faire prendre en photo et de composer son image. Les portraits d’elle sont nombreux et extrêmement variés, pris par différents photographes. Dans cette salle habitée par ses robes, tout un pan de mur est consacré à ces photos. On y voit Frida parée de ses plus beaux atours, dont certains sont visibles dans la pièce. Ces portraits ont fait le tour du monde, et son image si reconnaissable a contribué à faire d’elle une véritable icône, internationalement reconnue.

À l’étage : des créations de haute couture inspirées par Frida Kahlo
Jusqu’au 31 décembre 2022, une exposition-capsule située à l’étage, permet de compléter le parcours. Dans cette dernière salle, sont exposées des créations de haute couture inspirées par l’artiste mexicaine. De nombreux créateurs de mode ont en effet voulu rendre hommage à son style unique, que ce soit au travers de robes d’inspiration tehuana, de motifs mexicains chatoyants ou par l’utilisation de corsets orthopédiques. Ce dernier espace permet de mesurer l’influence de l’artiste sur la mode contemporaine et d’apprécier la variété des interprétations de son style.
À découvrir lors de la journée culturelle : Le Mexique à Paris
Romancero gitano, de Federico García Lorca
Par Marie Lagrave

Avec son soleil brulant et son histoire tourmentée, sa culture profondément chrétienne et son héritage maure, l’Andalousie est définitivement une région d’Espagne à part. Sans doute personne n’a su dépeindre ses paysages de sierras et d’oliveraies et son peuple fier et passionné mieux que Federico García Lorca, poète et dramaturge andalou, écrivain essentiel de la langue espagnole. Les quelques 18 poèmes du recueil Romancero gitano*, l’une de ses œuvres majeures, célèbrent cette région de toréros et de gitans et forment un chant sublime et tragique en l’honneur de sa terre natale.
À lire également : notre fiche-pays sur l’Espagne
Federico García Lorca, poète et dramaturge andalou au destin funeste

Federico García Lorca nait le 5 juin 1898, à Fuentevaqueros, petite ville de campagne tout près de Grenade. Issu d’une famille aisée et cultivée, il grandit dans un environnement imprégné d’art et de littérature, mais conservera également de son enfance rurale un profond attachement à la terre, à l’Andalousie et son folklore. Il suit des études de lettres et de droit à Grenade, se passionne pour la musique et publie, dès 1918, son premier livre, Impressions et paysages, rassemblant divers textes en prose.
L’année suivante, il part pour Madrid et découvre l’activité culturelle foisonnante de la capitale. Il intègre un groupe de jeunes artistes et intellectuels parmi lesquels figurent Salvador Dalí, Luis Buñuel ou encore Rafael Alberti, et devient dans les années qui suivent l’un des chefs de file du groupe littéraire de la Génération de 27. S’il s’essaye alors sans grand succès au théâtre, il publie surtout plusieurs recueils de poésie qui font sa célébrité. La parution de Romancero gitano* en 1928, notamment, fait de lui le poète espagnol le plus lu de son temps.
Néanmoins, en contraste avec son succès fulgurant, la fin des années 20 est pour lui une période douloureuse : il sombre peu à peu dans une intense dépression, sans doute liée à la difficulté d’assumer son homosexualité dans une Espagne encore très conservatrice. Inquiets, ses proches l’envoient en 1929 aux États-Unis, où il y restera une année entière. Il y écrit l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre : Poète à New-York.
Au moment de son retour en Espagne, en 1930, Primo Rivera, dictateur en place depuis 1923, quitte le pouvoir, ouvrant la voie à la Seconde République. Le nouveau gouvernement propose à Federico García Lorca de diriger un théâtre ambulant, « La Barraca », pour faire connaitre les pièces du répertoire classique aux zones rurales d’Espagne. Il accepte, se dédie au théâtre et rédige alors ses plus belles pièces, comme Noces de sang (1933), Yerma (1934) ou La Maison de Bernarda Alba (1936).
À l’été 1936, comme tous les étés, Federico García Lorca rejoint sa famille à Grenade. Mais après des mois de vives tensions politiques, une insurrection militaire et nationaliste éclate le 17 juillet : c’est le début de la guerre civile espagnole. Si la rébellion est rapidement étouffée à Madrid – en tout cas dans un premier temps –, Grenade tombe aux mains des nationalistes le 20 juillet. Federico García Lorca est alors une figure publique bien connue : intellectuel, fonctionnaire de la République, proche de socialistes et, qui plus est, homosexuel… Aussi, quoiqu’il n’ait participé à aucune action politique, il est activement recherché. Il est arrêté le 16 août et fusillé dès le 19 août 1936, à peine un mois après le début de l’insurrection, à l’âge de 38 ans. Ses œuvres, bien qu’interdites par le régime franquiste, continuent cependant d’émouvoir le monde entier. Au retour de la démocratie en Espagne, le poète et dramaturge andalou est pleinement réhabilité, et célébré pour sa créativité et son lyrisme.
Romancero gitano : le chant de l’Andalousie

Publié en 1928, Romancero gitano est l’œuvre qui lui fait véritablement accéder à la renommée, d’abord en Espagne, puis dans le reste du monde. Ce recueil est composé de 18 poèmes rédigés entre 1924 et 1927, reprenant la forme du romance traditionnel et inspirés des récits et légendes gitanes.
Le romance est une forme poétique tirée des chansons de gestes espagnoles. Les poèmes se composent d’octosyllabes où seuls les vers pairs portent la rime, qui est de plus assonancée (c’est-à-dire que la rime ne concerne que les voyelles). C’est une forme qui donne une grande liberté de composition mais dont la musicalité est très importante, parfois d’ailleurs accentuée par de multiples répétitions. Les romances dépeignent le plus souvent des épopées légendaires ou historiques, ou des histoires d’amour. Si cette forme poétique est très ancienne et fut principalement utilisée au XVe siècle, de nombreux auteurs plus contemporains de Lorca s’y sont également essayé.
À cette forme traditionnelle, Federico García Lorca associe la thématique du monde gitan, quintessence à ses yeux de l’Andalousie. Fortement attaché à sa région de naissance, Lorca ne cessera en effet de dépeindre l’âme et les souffrances des Andalous, les traditions populaires et la culture gitane, malgré d’acerbes reproches notamment de la part de son ami Dalí, qui l’accuse de régionalisme et de manque d’originalité.
Ces 18 poèmes sont de véritables chefs d’œuvres, qui transcendent les légendes gitanes par la beauté formelle du romancero et un symbolisme où l’on sent poindre la proximité du poète avec les avant-gardes et le surréalisme espagnol.
* Nous avons choisi de ne pas traduire ce titre, afin de conserver le terme de romancero qui renvoie à une forme poétique traditionnelle, issue des chansons de geste et typiquement espagnole.
Découvrir tous les circuits Arts et Vie en Andalousie

La Hongrie, trésor naturel et culturel au cœur de l’Europe centrale
Par Flavie Thouvenin
Au cœur de l’Europe centrale, entre les contreforts des Carpates, le long du bassin danubien, se love un pays à l’histoire millénaire dont la douceur de vivre et les richesses culturelles ravissent les voyageurs qui souhaitent s’écarter des sentiers battus. Ancien royaume des Magyars, peuple descendant des Huns, la Hongrie a connu des heures sombres, sous l’influence du régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale puis dans le giron de l’URSS. Une histoire torturée dont elle s’est libérée en devenant le premier pays à sortir du joug soviétique, à son indépendance en 1989. En dehors de sa capitale, au flamboyant éclectisme architectural, son patrimoine historique et naturel remarquable gagne à être connu. On y observe les traces du passé dans les vestiges de ses forteresses, ses châteaux ; on y traverse d’authentiques petits villages au charme suranné ; on se prélasse en se glissant dans les eaux pures de ses bains thermaux ; on se balade dans ses plaines et ses forêts, sur les rives d’un immense lac ; sans oublier, bien sûr, de goûter à ses traditions culinaires, accompagné d’un verre de vin issu de ses nombreux cépages… Suivez le guide !
CARTE D’IDENTITÉ
Capitale : Budapest
Superficie : 93 000 km2
Nombre d’habitants : 9 771 827 habitants
Fuseau horaire : UTC/GMT+1 (pas de décalage horaire avec la France)
Monnaie : le forint
Langue : le hongrois
Météo : la Hongrie bénéficie d’un climat continental modéré, avec des étés chauds, voire très chauds (le pays compte l’un des taux d’ensoleillement les plus importants d’Europe !), et des hivers qui peuvent être rigoureux, souvent enneigés. La mi-saison, plus douce, se révèle idéale pour découvrir le pays, en particulier en mai et juin ainsi qu’aux mois de septembre et octobre.
LES INCONTOURNABLES DE LA HONGRIE
Budapest, la perle du Danube
Incontournable, Budapest, la capitale, est un véritablement enchantement pour tout amateur d’art, d’histoire et d’architecture qui, sitôt qu’il y pose le pied, ne sait plus où donner de la tête ! Du Parlement au pont des Chaînes, du château de Buda au bastion des Pêcheurs, en passant par la place des Héros et la basilique Saint-Étienne, sans oublier ses riches musées et ses bains thermaux aux fastueux décors Art nouveau (à admirer les pieds dans l’eau !)… la perle du Danube offre une suite sans fin d’émerveillement et un goût de reviens-y à tout voyageur qui foule ses pavés. Outre sa formidable richesse culturelle, c’est sa douceur de vivre et le charme de son éclectisme architectural qui font de la ville une des destinations les plus appréciées des touristes en Europe depuis plusieurs années.

Le lac Balaton
À environ 1 h de Budapest, le plus grand lac du pays et d’Europe central, le lac Balaton, la « petite mer hongroise », et sa région sont une destination incontournable tant pour les Hongrois que pour les touristes étrangers. Entre nature et culture, les activités ne manquent pas et en font la 2e destination touristique du pays après la capitale. Le lac et ses eaux turquoise offrent des moments de détente et de baignade dans un décor exceptionnel, et les sports nautiques qui s’y pratiquent ravissent les amateurs de sensations fortes. Surplombé par un massif volcanique, les rives du lac sont le terrain idéal pour des randonnées à pied ou à vélo, au cœur d’une nature préservée, dans le parc national du Haut Pays du Balaton.
Orgues basaltiques, champs de geyser, c’est un véritable spectacle géologique… et historique ! Forteresses médiévales, châteaux, abbayes… entre nature et culture, la région regorge de monuments historiques, de quoi contenter également les amoureux d’histoire.

Tokaj et sa région
La Hongrie, l’autre pays du vin ? Au nord-est du pays, à Tokaj et ses environs, les vignes s’épanouissent à perte de vue sur les pentes des collines verdoyantes : ici se trouve le cœur de la production viticole hongroise, dont la tradition de vinification remonte à plus d’un millénaire (le pays compte pas moins de vingt-deux régions productrices). La région de Tokaj est le berceau du vin éponyme – le tokaj – à la robe dorée et aux arômes fruités. Ce liquoreux, dont les traces remontent au XVIe siècle, fait la fierté du royaume de Magyar, qui l’évoque jusque dans son hymne officiel ! Populaire au-delà de ses frontières, il figurait dit-on parmi les vins préférés de Louis XV, d’où son surnom de « rois des vins, vin des rois ». Le vignoble est également inscrit depuis 2002 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, une reconnaissance qui finit d’assurer sa réputation.
Lors d’un séjour sur place, on suit la route des vins à la découverte de ce patrimoine culturel exceptionnel et on se délecte du nectar (avec modération !) en faisant le tour des nombreuses caves qui proposent une visite suivie d’une dégustation. Certaines, construites il y a plusieurs siècles, sont spectaculaires, construites sous la roche volcanique dans un véritable labyrinthe de tunnels comme les caves d’Oremus, dans le village de Tolcsva, ou bien enterrées sous plusieurs niveaux comme les caves de Hercegkút.
Le château de Gödöllő
Situé à une trentaine de kilomètres à l’est de Budapest, le palais royal de Gödöllő compte parmi les plus beaux joyaux architecturaux de la Hongrie. Construit au XVIIIe siècle pour la famille royale, il est surtout connu pour avoir été l’une des résidences préférées de l’impératrice Sissi qui aimait y passer les longs mois d’été loin des vicissitudes de la cour viennoise. Deuxième plus grand palais baroque au monde, c’est un véritable voyage dans le passé qu’offre sa visite, ses salons et chambres royales ayant retrouvé tout leur faste grâce à une remarquable rénovation entreprise à la suite du régime communiste. Une plongée dans l’intimité de l’impératrice que l’on complète d’une belle promenade dans le calme paisible de ses jardins.

Hollókő
À Hollókő, au nord de la Hongrie, à quelques kilomètres de la frontière slovaque, le temps semble s’être arrêté. Ce petit village aujourd’hui attraction touristique majeure du pays offre un exemple préservé de la vie rurale hongroise avant la révolution agricole et industrielle du XXe siècle. Classée à l’Unesco, la petite bourgade voit ses origines remonter au XIIIe siècle, construite au pied d’un château désormais en ruines.
Ce véritable musée à ciel ouvert comprend, parmi ses constructions les plus remarquables, une vieille église en bois du XVIe siècle, et une cinquantaine de maisons en pisé, blanchies à la chaux, aux toits en bardeaux de tuiles sombres, typiques des Palóc, groupe ethnique de la région dont les origines demeurent encore mystérieuses. Le village-musée compte encore aujourd’hui plusieurs centaines d’habitants qui continuent de faire vivre les traditions et le folklore de leurs ancêtres, défilant en costumes traditionnelles à l’occasion des grandes fêtes qui rythment le calendrier.
LE COUP DE CŒUR DE NOS SPÉCIALISTES
Flavie Thouvenin, assistante d’édition iconographe
« Entre deux visites de musées et de monuments historiques, il fait bon flâner à Budapest ! Car le spectacle se trouve aussi, et peut-être surtout, au détour de ses rues, dans les recoins de ses quartiers. Outre ses merveilles d’architecture, on y admire l’art urbain qui se développe tout particulièrement dans l’ancien guetto juif de Józsefváros. Ancien fief des artistes et des grandes figures de la littérature hongroise au tournant du XXe siècle, Józsefváros s’est vu délaissé sous l’ère communiste, entraînant la détérioration de ses bâtiments. Aujourd’hui, pourtant, c’est l’un des spots les plus en vue de la capitale !
Au charme indéniable des façades d’immeubles anciens se mêlent des fresques gigantesques réalisées par les meilleurs noms de la scène locale du street art. À chaque coin de rue, une nouvelle œuvre surgit. Un véritable musée à ciel ouvert que j’ai pu savourer par un après-midi d’avril après une pause gourmande au Café New York, assurément l’un des meilleurs souvenirs de mon séjour ! »
À lire également : Les cafés historiques de Budapest



Découvrir tous les voyages Arts et Vie en Hongrie
Delphes : 130 ans de découvertes sur un site mythique


Article partenaire avec les Dossiers d’Archéologie et Archéologia
Par Constance Arhanchiague
Situé dans un environnement exceptionnel, sur les pentes du mont Parnasse, Delphes fête les 130 ans de sa « Grande Fouille » menée par l’École française d’Athènes à la fin du XIXe siècle, celle qui permit de mettre au jour ses principaux vestiges. Depuis, la connaissance du site n’a cessé d’évoluer. Occupé dès la Préhistoire, il voit au IXe siècle avant J.-C. le développement du culte d’Apollon et la naissance du sanctuaire destiné à devenir un des hauts lieux du monde antique. Puis, à la fin du VIe siècle avant J.-C. la naissance des fameux jeux pythiques, là encore en l’honneur du dieu du soleil et des arts. Site mythique, Delphes était aussi pour les anciens Grecs, l’omphalos, le centre du monde.

La cité de Delphes
Si l’on a tendance à réduire Delphes à son sanctuaire, le site fut pourtant habité de façon continue pendant vingt siècles environ, de la préhistoire au milieu du Moyen Âge, puis de nouveau du XIIIe siècle jusqu’à la fin du XIXe siècle, au moment du déplacement du village installé dans les ruines pour permettre la Grande Fouille de 1892.
Dès l’époque mycénienne, il y eut effectivement une cité d’importance moyenne, comptant entre 800 et 1 000 hommes adultes. Autour des années 1200 avant J.-C., de violents orages détruisent les maisons et palais mycéniens. Pour autant, l’occupation ne s’est pas interrompue, et le début de l’âge du Fer est bien attesté à Delphes.
Les lieux du culte d’Apollon furent d’abord insérés dans l’habitat, toujours séparé des nécropoles, puis au début du VIe siècle avant notre ère, après l’incendie du premier temple en pierre, le site connut une profonde restructuration qui sépara le monde des dieux de celui des hommes et permit d’honorer Apollon avec un faste accru.
À découvrir avec les circuits Arts et Vie :
La Grèce antique en famille et Des Météores au Péloponnèse
Un sanctuaire d’une immense renommée

Dans une lettre où il évoque sa visite de Delphes en janvier 1851, l’écrivain Gustave Flaubert décrit ainsi l’effet produit par le paysage : « Avoir choisi Delphes pour y mettre la Pythie est un coup de génie. C’est un paysage à terreurs religieuses, vallée étroite entre deux montagnes presque à pic, le fond plein d’oliviers noirs, les montagnes rouges et vertes, le tout garni de précipices, avec la mer au fond et un horizon de montagnes couvertes de neige ».
Le cadre saisissant du site de Delphes, marqué par des épisodes naturels violents, climatiques et géologiques, peut en effet expliquer l’institution de l’oracle d’Apollon à Delphes et sa pérennité. Accroché aux falaises Phédriades, dans le massif du Parnasse, entre 500 et 700 m d’altitude, le site présente une forte déclivité naturelle, de 35 % en moyenne, ce qui a imposé dès les débuts de l’occupation un aménagement en terrasses. La région dans laquelle il se trouve, au nord du golfe de Corinthe, est soumise à l’activité sismique la plus importante d’Europe, dans un contexte de failles actives.
Très rapidement, l’oracle est consulté par d’autres Grecs que les Delphiens, venus de Sparte, de Corinthe ou de Chalcis. Le mouvement de colonisation des cités grecques dans l’ensemble du bassin méditerranéen et le développement des concours pythiques à l’époque archaïque entérinent ce succès.
Sanctuaire à caractère d’abord régional, Delphes acquiert ainsi au cours des VIIIe et VIIe siècles avant J.-C. une dimension panhellénique et dépasse, peu à peu, les frontières du monde grec. En témoignent notamment l’origine géographique des offrandes des cités et celle des pèlerins, venus d’Asie Mineure, du Proche-Orient, de Grande-Grèce ou d’ailleurs en Méditerranée occidentale. Le sanctuaire d’Apollon devient un centre religieux et culturel du monde grec, où la consultation oraculaire s’impose avant la prise de toute décision importante, que celle-ci concerne l’individu ou la communauté.
Le temple d’Apollon

Sur la terrasse principale du sanctuaire s’élève le célèbre temple d’Apollon, où la Pythie recevait les paroles du dieu pour les transmettre aux pèlerins. Décrit par Pausanias au IIe siècle après J.-C., cet édifice a connu, avant notre ère, plusieurs états antérieurs.
Après les sanctuaires mythiques dédiés à Apollon, trois temples de pierre se sont en effet succédé et ont laissé chacun des vestiges. Le premier, datant du VIIe siècle avant J.-C., brûla accidentellement en -548 : l’archéologie a permis de découvrir des blocs en remploi et des tuiles. Après l’incendie, un vaste chantier se mit en place, prévoyant un agrandissement considérable de l’espace sacré, avec une vaste terrasse dévolue au temple et à ses abords, l’Apollonion. La construction du deuxième temple (achevée à la fin du VIe siècle avant J.-C.) a laissé un décor sculpté en marbre (fronton est avec l’arrivée d’Apollon et lions-gargouilles) et en pierre tendre (Gigantomachie).
Enfin, le dernier temple, bâti au IVe siècle avant notre ère et décrit ensuite par Pausanias, exalte les liens entre Apollon et Dionysos, le dieu qui séjourne à Delphes en hiver. Sa reconstruction est documentée par les comptes qui ont été gravés. C’est un temple dorique, entouré d’une colonnade de six colonnes en façade et de quinze sur les côtés. Il comprend un vestibule (pronaos) avec le célèbre « E » de Delphes et les maximes des Sept sages, une cella dont la partie postérieure était l’adyton où la pythie rendait les oracles et, à l’arrière, l’opisthodome qui abritait une grande statue connue par des monnaies d’époque impériale.
Si les recherches menées depuis plus de cent ans ont permis de restituer avec une certaine assurance l’aspect extérieur des deux derniers temples, les archéologues de la Grande Fouille (1892-1902) ne cachèrent toutefois pas leur déception en découvrant un grand trou béant à l’endroit où se trouvait l’antre de la Pythie, sur lequel des générations d’artistes et d’érudits avaient fantasmé…
Qui étaient les mystérieuses « Pythie » ?

Au cœur de l’activité du sanctuaire se trouve la Pythie. Immortalisée par la littérature antique, cette figure de prophétesse a fasciné les hommes, des Grecs à aujourd’hui.
Durant presque un millénaire, des centaines de femmes se succédèrent sur le trépied d’Apollon pythien pour rendre son oracle et être « celles qui parlent pour lui ». À l’époque archaïque (VIIIe-VIe siècle avant J.-C.), la Pythie ne rendait d’oracles qu’une fois par an, le jour de la naissance d’Apollon. Mais le succès du sanctuaire aurait conduit à des consultations mensuelles voire à la désignation de plusieurs Pythies en même temps.
Nous ne savons presque rien de ces femmes. Choisies par les prêtres d’Apollon parmi les familles les plus respectables de Delphes, c’étaient à l’origine des jeunes filles vierges. Diodore nous apprend cependant qu’à la suite d’un rapt, on aurait ensuite privilégié les femmes d’âge mûr. À l’époque impériale, des inscriptions nous révèlent que des Pythies ont été mariées et ont eu des enfants avant d’être choisies pour l’oracle.
Pour la consultation oraculaire, la Pythie devait se purifier en jeûnant et en se lavant dans la source Castalie. Les consultants, eux aussi purifiés, entraient alors dans le temple et, selon leur rang, étaient autorisés ou non à approcher pour s’adresser eux-mêmes à la Pythie et entendre la réponse d’Apollon de la bouche de sa prêtresse. Les sources antiques indiquent que la Pythie voyait les consultants, mais rien n’indique que la réciproque était vraie…
Si les oracles nous sont parvenus par centaines, grâce à la littérature antique et des inscriptions sur pierre, seules ont été véritablement consignées les consultations politiques. La Pythie devint ainsi un véritable acteur politique, que certains soupçonnèrent de parti pris en l’accusant d’être favorable tantôt aux Perses, tantôt aux Spartiates ou aux Macédoniens.
Des offrandes monumentales

Les individus ou communautés adressaient à Apollon une consécration afin de jouir de sa faveur et le remercier de son oracle. Il pouvait s’agir de statues ou d’édifices, érigés à la demande de communautés ou de souverains. Le « trésor » désigne ainsi le type le plus courant de monument à Delphes, attesté par une trentaine d’exemples. Les trésors pouvaient être de simples édifices ou reprendre le plan et l’élévation d’un petit temple ; propres à chaque cité, ils en conservaient les offrandes précieuses.
Parmi les statues les plus célèbres, figure la Sphinge de Naxos juchée sur une colonne qui dépassaient les douze mètres. Les recherches et reconstitutions archéologiques publiées dans le numéro d’Archéologia à paraître en septembre 2022, viennent de montrer que les « danseuses » de Delphes, qui ont inspiré Debussy, perchées elles aussi sur une colonne, étaient en fait des caryatides portant un trépied abritant lui-même un œuf symbolisant l’omphalos, le « centre du monde ». Ces offrandes qui se sont accumulées au fil des siècles ont profondément redéfini le paysage du sanctuaire et lui ont conféré son visage actuel.

Place aux concours sportifs et musicaux !
Les Pythia, organisées tous les quatre ans depuis 582 avant J.-C., comprenaient, outre des épreuves athlétiques et hippiques, des concours musicaux – une particularité propre à Delphes. Ceci explique la présence à l’origine d’un odéon parmi les monuments, qui fut remplacé par un théâtre au IIe siècle avant notre ère, grâce à la générosité du roi de Pergame. Apollon, dieu des arts, avait comme attribut la lyre. De très nombreux comédiens, musiciens et athlètes affluaient ainsi régulièrement vers Delphes de l’ensemble du bassin méditerranéen.
Outre le théâtre, ces concours ont conduit à l’aménagement d’espaces spécialement conçus pour l’organisation des différentes épreuves athlétiques et hippiques, à savoir un hippodrome et un stade, mais aussi un gymnase dévolu à l’entraînement des concurrents.
La construction de ces ensembles dans un environnement aussi abrupt a représenté un véritable défi. Le terrain était par endroit si pentu qu’il fallut élever de hauts murs de soutènement, notamment pour former les deux immenses esplanades du gymnase.
Le stade a pu être entièrement dégagé lors de la Grande Fouille, et constitue l’un des exemples les mieux conservés dans l’ensemble du monde antique. Une importante série d’inscriptions relatives au stade et au gymnase, essentiellement des comptes associés à leur construction et à leur entretien, nous sont également parvenus. La possibilité de croiser des données archéologiques et textuelles constitue ainsi un observatoire privilégié pour l’étude de l’équipement architectural consacré à l’entraînement et aux concours dans l’Antiquité.

Pour en savoir plus :


- Le Dossier d’Archéologie n°411 sur « Delphes, redécouverte d’un sanctuaire millénaire », conçu avec les meilleurs spécialistes du sujet, professeurs d’archéologie grecque et maîtres de conférences
- Archéologia n°612, avec un grand dossier sur Delphes et les 130 ans de résultats de recherche. À paraître en septembre 2022, disponible en ligne et en kiosque
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Goodbye, Lenin ! – voyage au temps de la RDA
Par Flavie Thouvenin
Berlin-Est, le 7 octobre 1989. Alors qu’elle s’apprête à aller fêter le 40e anniversaire de la RDA, célébré en grande pompe au palais de la République, Christiane Kerner s’effondre, victime d’une crise cardiaque. Lorsqu’elle se réveille d’un long coma, 8 mois plus tard, le monde a basculé. Le mur est tombé, le bloc de l’Est a sombré et la République démocratique allemande n’est plus. Berlin-Est se transforme, retrouve sa liberté et succombe au capitalisme effréné de l’ouest. Dans ses rues, les voitures occidentales font jouer leurs klaxons, sur les murs les publicités aux couleurs des plus grandes marques s’affichent en grand format, remplaçant les portraits et statues de Marx et Lénine, dans les supermarchés les produits venus de l’Ouest abondent dans les rayons, et partout un vent de liberté se fait sentir, après plusieurs décennies d’un régime sans concessions. Mais pour éviter tout nouveau choc – qui cette fois pourrait bien lui être fatal – à leur mère qui s’était dévouée cœur et âme à son pays, son fils Alexander, aidé par sa sœur Ariane et leur entourage, décide de lui cacher la vérité…

Les vestiges du passé
Sorti dans les salles obscures en 2003, réalisé par Wolfgang Becker à partir d’un scénario de Bernd Lichtenberg, Goodbye, Lenin ! illustre le bouleversement du passage d’une société au socialisme autoritaire à celle d’une démocratie au capitalisme effréné. À quoi ressemblait le quotidien des citoyens est-allemands ? Quelle vie après la chute du Mur ? Dès les premières minutes du film, le spectateur remonte le temps depuis les grandes avenus de Berlin-Est, le long des imposants immeubles de ce style typiquement soviétique de la Karl-Marx-Allee, avec les fameux Kino International et Café Moskau, jusqu’à l’Alexanderplatz, centre névralgique de la capitale et vitrine de l’architecture à la mode socialiste de la fin des années 60-début des années 70, dominée par son emblématique tour de la Télévision (Fernsehturm) qui culmine à 368 m de haut.
Souvent décrite comme grise et austère, Berlin-Est est à l’image du rigorisme de l’État : la République démocratique allemande n’a en effet de démocratique que le nom… Ses citoyens ont interdiction de circuler hors ses frontières sans autorisation spéciale, le Parti règne en maître et la population est sous constante surveillance, abreuvée par la propagande martelée par les médias. Certains citoyens se risquent quand même à « passer à l’ouest » comme on dit, comme Robert, le mari de Christiane, disparu en août 1978, et dont l’ombre plane tout au long du film…


Une propagande bien huilée
Le pays a ses héros, témoins de la grandeur est-allemande : l’enfance d’Alexandre est ainsi bercée par les exploits du cosmonaute Sigmung Jähn, premier allemand dans l’espace, qu’il adule. Les sportifs font également office de vitrine du modèle social soviétique, et les équipes d’Allemagne de l’Est dominent les plus grandes compétitions sportives du globe, de l’athlétisme à la natation (on se souvient des exploits des imposantes nageuses est-allemandes, dopées par quelques substances illicites…), en passant par le cyclisme et l’haltérophilie, entre autres.
Les sportifs de haut niveau sont de véritables « diplomates en survêtement », comme le veut l’expression ! Mais l’organe de propagande préféré du Parti, ce sont d’abord les médias, en particulier la télévision. Les chaînes d’État ont leurs émissions cultes, notamment le magazine d’information Aktuelle Kamera, rendez-vous immanquable des soirées est-allemandes : à son réveil, c’est le premier programme que Christiane demande à regarder ! L’émission faisant alors office de fil d’Ariane tout au long du film, son fils trafiquant d’anciens numéros pour les rediffuser, ni-vu ni-connu, à sa mère, dans le confort de sa chambre, récréée de toute pièce à la mode de la RDA !

Le goût d’autrefois
Papier peint dans la tendance de l’époque, vaisselle et objets typiques de l’Est ont retrouvé leur place sur les étagères, les traces de la nouvelle vie à l’occidentale ayant été gommée entre les murs de l’appartement familial. Pour Christiane, la RDA est intacte, elle en retrouve le goût jusque dans l’assiette : Alexandre, le fils, court les épiceries pour mettre la main sur les derniers produits est-allemands typiques – les cornichons de Spreewald, le Mocca Fix, café instantané incontournable du petit déjeuner… Et lorsque la petite famille décide d’aller passer quelques jours au grand air dans la datcha familiale, c’est en Traban, bien sûr, que se fait le trajet !
Derrière le mensonge, deux mondes s’affrontent : Ariane, la sœur, et son compagnon, vivent à la mode occidentale, quand Alex nage en pleine nostalgie… Ment-il pour préserver sa mère, ou se ment-il à lui-même ? Bien plus qu’une plongée dans le quotidien des est-allemands, Goodbye, Lenin ! explore la confrontation de deux visions du monde et les paradoxes de la chute de la dictature, entre effervescence d’une nouvelle vie pleine de promesses, placée sous le signe de la liberté, et ostalgie*. Il faut dire que la chute du Mur et le virage capitaliste qui s’en est suivi à l’Est n’a pas été l’eldorado rêvé… Une comédie dramatique à ne pas manquer, par ailleurs multi-distinguée sur la scène cinématographique européenne (Deustcher Filmpreis, Blaue Engel du Festival international du film de Berlin, Prix du cinéma européen, César et Goya du meilleur film européen).
*Néologisme formé à partir des mots ost (est, en allemand) et nostalgie, l’ostalgie désigne la nostalgie de la RDA ressentie par les anciens Allemands de l’Est.
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Dernières traces de Berlin-Est
Quelques lieux incontournables à visiter dans les rues de la capitale allemande réunifiée pour prendre le pouls de l’histoire et nager en pleine ostalgie…
Le long du Mur
Si la majeure partie du mur de Berlin a été détruite, il demeure encore aujourd’hui quelques vestiges du mur de séparation érigé durant l’été 1961. L’East Side Gallery, portion d’1,3 km, est la plus longue et la mieux conservée, investie par les artistes de street art dès 1989. Certaines œuvres évoquent le passé des lieux, comme le fameux Baiser de l’amitié entre Léonid Brejnev et Erich Honecker, peint par l’artiste Dimitri Vrubel.
Le musée de la RDA
Au cœur de Berlin, à deux pas de l’île aux Musées, un musée fait office de machine à remonter le temps ! Appartement de cinq pièces recrée dans le plus pur style est-allemand, simulateur de conduite dans une Traban d’origine, objets d’époque, affiches de propagande, extraits d’émissions de radio et de télévision… le DDR Museum propose de manière ludique et interactive une plongée au cœur de la vie quotidienne des habitants d’Allemagne de l’Est.
Le musée de la Stasi
Plus sombre, le musée de la Stasi, situé dans l’ancien bâtiment du ministère de la Sûreté de la RDA, propose de comprendre le système de surveillance et de répression de l’ancien État. Sur trois étages, l’exposition permanente retrace les méandres de l’organisation de la police politique de l’État, du renseignement au système d’espionnage et de contre-espionnage. Une visite indispensable pour mieux appréhender cette période troublée de l’histoire allemande.
Checkpoint Charlie
L’un des points de contrôle établis lors de la partition de Berlin suite à la Seconde Guerre mondiale. Checkpoint Charlie servait au passage des diplomates, des étrangers et des prisonniers entre l’Est et l’Ouest. Une partie du checkpoint a été conservé comme lieu de mémoire à la chute du Mur et est devenu un point de passage obligé de tout bon touriste dans la capitale allemande !



En savoir plus
- Sur le film
La bande annonce : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=52715.html
- Sur la RDA
« Les fantômes de la RDA », documentaire FranceTV donnant la parole à d’anciens citoyens est-allemands : https://www.dailymotion.com/video/x7nt4j0
Site archivant la plus grande collection de films familiaux témoignant la vie en RDA : https://open-memory-box.de/
À découvrir avec l’escapade Arts et Vie : Berlin en famille
Par Flavie Thouvenin
Après plusieurs décennies d’une histoire tourmentée assombrie par les régimes nazi et communiste, Budapest a aujourd’hui retrouvé l’effervescence et la prospérité qui avait fait de la perle du Danube une ville de prestige et d’avant-garde au début du XXe siècle. Les touristes ne s’y trompent pas : en passe de détrôner Berlin et Prague au rang des destinations les plus en vues de l’est européen, la capitale hongroise mise tout sur ses nombreux attraits. Il faut dire que les clichés de carte postale n’y manquent pas, et les amoureux de culture y trouvent leur compte, tout en y savourant sa douceur de vivre.
À lire également : notre fiche pays sur la Hongrie
Ainsi, on remonte le temps côté Buda sur les traces de l’ancien royaume magyar, on flâne dans les rues de Pest en se régalant de ses trésors d’architecture, on longe le Danube à bord de ses pittoresques tramways jaunes, on barbote dans eaux médicinales des bains thermaux les plus courus… Et pour prendre le pouls de la ville et profiter d’une pause bien méritée entre deux visites de musées, on s’attable dans l’un de ses nombreux cafés historiques pour s’y délecter de quelques douceurs locales ! Témoins de l’histoire de la capitale depuis plus d’un siècle, anciens repaires de l’intelligentsia, ils offrent à eux seuls un véritable voyage dans le temps et représentent une tranche d’histoire de la Hongrie. Tour d’horizons de trois des plus beaux cafés de la ville.

Le Café New York
S’il est un incontournable des cafés budapestois, c’est bien le Café New York, le plus grand d’entre eux, et l’un des plus anciens, d’ailleurs promu au titre de « plus beau café du monde », rien de moins ! Ouvert en 1894 dans un beau building du boulevard Erzsébet appartenant alors à New York Life Insurance Company (d’où son nom), il fut l’un des cafés les plus fréquentés par l’élite culturelle locale au tournant du xxe siècle. Écrivains, poètes, éditeurs, journalistes et artistes en tout genre venaient y refaire le monde dans son décor fastueux de style Renaissance italienne où les marbres miroitants des sols et des colonnes se mêlent aux fresques des plafonds et aux dorures rutilantes des luminaires.
Tombé en perdition après la Seconde Guerre mondiale puis transformé en magasin d’articles de sport, il réouvrit dans les années 50 sous le nom de Hungária mais dû attendre 2006 et son acquisition par un nouveau propriétaire pour retrouver son éclat d’antan à la faveur d’une rénovation complète, alors bien méritée. Aujourd’hui très fréquenté par les touristes, il demeure un passage obligé de toute escale dans la capitale hongroise. Bien installés sur ses fauteuils de velours rouge, c’est un véritable spectacle qui se déroule sous nos yeux, le ballet des serveurs répondant à la douce mélodie de piano qui résonne entre ses murs…
Un régal tant pour les yeux que pour les papilles ! On y vient notamment siroter un excellent chocolat chaud à l’ancienne, riche et onctueux, ou (pour les plus téméraires) un café hongrois, mélange de café, de sucre et de palinka (l’eau de vie locale) aux cerises noires, accompagné d’une généreuse couche de crème fouettée.



Profitez d’une pause au Café New York au cours de notre escapade « De Budapest à Vienne via Bratislava » : à venir
Le Café Gerbeaud
En plein centre de Pest, il est une autre institution qui fait parler d’elle : le Café Gerbeaud. À l’origine des lieux, pourtant, point de monsieur Gerbeaud mais un certain Henrik Kugler. Issu d’une grande lignée de pâtissiers, Kugler ouvre son commerce en 1858 sur la place Jozsef Nador, avant de bientôt déménager sur la place Vörösmarty voisine. Si le café-confiserie Kugler est déjà très en vogue chez la bonne société budapestoise (il se dit que l’impératrice Sissi y faisait une escale à chacun de ses passages dans la ville), c’est son rachat en 1880 par Émile Gerbeaud, pâtissier-chocolatier suisse, qui feront des lieux – alors rebaptisés Café Gerbeaud – une véritable référence.
Entrepreneur de talent, Gerbeaud ne laissait rien au hasard, attentif au moindre détail, du goût de ses créations gourmandes, bien sûr, jusqu’à leur esthétique, en passant par leur emballage et la décoration des lieux (les amateurs d’art les plus attentifs reconnaîtront ainsi, dans l’un des salons, un tableau de Gustave Moreau). À la fin du xxe siècle, le Café Gerbeaud n’est plus seulement une institution locale et jouit d’une renommée internationale. Monsieur Gerbeaud devint même membre du jury de l’Exposition universelle de 1900 et recevra la Légion d’honneur française ! À sa mort, en 1919, sa veuve, Ester Ramseyer, fille d’un chocolatier français, prend la gestion du café et maintient sa réputation jusqu’à sa disparition, en 1940.
Après la guerre et l’avènement de l’URSS, les lieux sont nationalisés : le café devient Café Vörösmarty et perd son éclat d’antan… Des années sombres qui prendront fin dans les années 90. Alors que Budapest sort de la grisaille soviétique, les héritiers Gerbeaud rachètent le commerce. Le Café Gerbeaud renaît et retrouve son atmosphère d’autrefois ! Aujourd’hui encore, dans le confort de ses salons feutrés, on se délecte de pâtisseries hongroises savamment exécutées, comme la tarte Dobos (gâteau alternant couches de génoise et crème au chocolat), ou le fameux gâteau Gerbeaud (Zserbo en hongrois), au chocolat, aux noix et à la confiture d’abricot, créé par le maître pâtissier lui-même il y a plus d’un siècle. Et pour les plus pressés, on peut acheter les gourmandises à emporter au comptoir.



Dégustez une savoureuse part de gâteau au Café Gerbeaud au cours de notre programme Budapest à la Saint-Sylvestre
Le Café du Passage de Paris (Párisi Passage Café)
À quelques pas du Danube, dans le quartier touristique et commerçant de Belváros, il est un bâtiment qui ne manque pas d’attirer l’œil du passant… Avec sa façade de style éclectique mélangeant les éléments néo-gothique, Art nouveau et maure, la maison Brudern, ou Párisi Udvar (littéralement la cour de Paris), est incontestablement l’un des plus beaux immeubles de Budapest. À l’intérieur comme à l’extérieur, le visiteur se régale de ce fabuleux joyaux d’architecture, avec pour point d’orgue sa galerie traversante aménagée selon le modèle des passages parisiens.
À l’origine, à son ouverture en 1817, les lieux abritaient des commerces au rez-de-chaussée et les bureaux de la Downtown Savings Bank, propriétaire de l’immeuble, dans les étages. À l’instar de ses cousins parisiens, tel le passage des Panoramas dont l’architecte se serait inspiré, le passage de Paris était à la Belle Époque un lieu à la mode où l’on venait, outre pour ses boutiques, pour voir et être vu… Si la galerie survécut à une grande opération de réfection du bâtiment en 1913, elle tomba en perdition des décennies plus tard, sous l’ère soviétique. Longtemps laissé à l’abandon, l’immeuble n’était plus que l’ombre de lui-même avant qu’un grand chantier de rénovation le fasse renaître de ses cendres il y a quelques années.
Aujourd’hui, la maison Brudern a retrouvé toute sa flamboyance, et le fameux passage de Paris, réouvert au public, abrite désormais un café-brasserie où l’on se restaure en profitant de la beauté qui s’offre sous nos yeux, entre les boiseries de la structure savamment sculptées, décorées de dorures et de cuivres éclatants, les plafonds ouvragés et le spectaculaire dôme en mosaïque de verre. Un décor à couper le souffle : les délicieuses douceurs à la carte en sont encore plus savoureuses dégustées dans un tel cadre !



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Article partenaire avec les Dossiers d’Archéologie
Par Constance Arhanchiague

Vers 720 av. J.-C., Piânkhy, roi de Kouch en Nubie, part à la conquête de l’Égypte. Il fonde la XXVe dynastie, dite kouchite, et crée le royaume des Deux Terres en unifiant l’Égypte et la Nubie. L’exposition événement « Pharaon des Deux Terres. L’épopée africaine des rois de Napata » raconte l’épopée de ces nouveaux rois venus du sud et révèle au grand public des objets spectaculaires, typiques du style artistique très original de cette période. Elle est le fruit de recherches historiques du côté égyptien et de résultats de fouilles récentes au Soudan qui ont permis de rendre accessible cette période à un large public. Au VIIe siècle av. J.-C., une invasion assyrienne met fin à la domination des rois kouchites en Égypte, qui se replient alors au Soudan.
L’épopée des rois de Napata

L’histoire de la XXVe dynastie est avant tout celle de la renaissance d’un royaume, celui de Kouch, apparu au Soudan vers la fin du IIIe millénaire av. J.-C. Cet État qui a longtemps constitué une menace pour l’État pharaonique, a pris fin au moment de la colonisation égyptienne (vers 1500 av. J.-C.). La culture nubienne ne disparaît pas pour autant et on la distingue encore çà et là, dans les modes d’inhumation, la céramique ou les mentions d’enfants de chefs envoyés auprès du pharaon.
Lorsque l’État égyptien s’effondre à son tour au tournant du XIe siècle av. J.-C., la Nubie retrouve son indépendance. Au VIIIe siècle av. J.-C., Piânky, véritable fondateur de la puissance kouchite, lance une grande campagne militaire qui prend vite l’allure d’une marche victorieuse jusqu’à Memphis, les cités rencontrées se rendant au fur à mesure. Il laisse pourtant en place les roitelets locaux et s’en retourne à Napata.
La XXVe dynastie, qui désigne les rois kouchites reconnus durablement à Memphis, ne débute réellement qu’avec Chabataka en -713. Chabataka (713-705 av. J.-C.) conquiert l’Égypte, éliminant au passage un roi thébain, Iny, et surtout le roi de Saïs, Bocchoris, qui contrôlait tout le nord du pays. On a souvent cru pouvoir déceler une tendance impérialiste dans son règne, mais les rapports diplomatiques avec les Assyriens semblent avoir été plutôt bons.
Le règne de Chabaka (705-690 av. J.-C.), probablement un fils de Chabataka, est bien mieux documenté. Ce dernier lança un programme de constructions remarquables à Thèbes et Memphis, mais fut peu présent en Nubie.
Taharqa (690-664 av. J.-C.), le pharaon le plus emblématique de la dynastie, aurait semble-t-il usurpé le trône de Chabaka. Il mena une politique de travaux monumentale à Napata, Kawa, Thèbes et Memphis. Alors que son autorité est contestée dans le Delta par des dynasties rivales de Saïs et Tanis, il développe un intérêt pour le Levant et suscite des révoltes contre la domination assyrienne en Phénicie. Ceci explique que la fin de son règne soit marquée par plusieurs invasions des Assyriens.
C’est une nouvelle invasion, à Memphis et surtout Thèbes, qui mettra fin à la puissance kouchite en Égypte en -655, sous le règne de Tanouétamani (664-655 av. J.-C.). La XXVe dynastie perdure cependant en Nubie, autour de sa capitale Napata, et reste très influencée par la culture égyptienne.

La renaissance kouchite
Durant la XXVe dynastie, la région thébaine fut au cœur de l’attention des nouveaux pharaons originaires de Napata qui, pendant un demi-siècle, y rénovèrent et édifièrent de nombreux monuments.
Les temples de Karnak
Karnak, principal sanctuaire du dieu dynastique Amon-Rê, connut en particulier de nombreuses transformations sous le règne des rois kouchites.
Comme l’ont révélé les fouilles de Kerma, le dieu égyptien Amon était déjà révéré au Soudan à l’époque de la colonisation égyptienne, jouant possiblement le rôle de passerelle entre les deux cultures pour justifier la mainmise égyptienne sur le territoire nubien. Durant la période napatéenne, les rites qui étaient apparus autour de cette divinité à tête de bélier sont repris et développés, jusqu’à faire d’Amon une figure tutélaire au centre des cultes rendus dans Karnak et dans la capitale religieuse Thèbes.
À Karnak, Chabataka planifia l’agrandissement de la chapelle d’Osiris Heqa Djet, et son successeur Chabaka fit ajouter deux nouvelles portes à l’avant du temple de Ptah ainsi qu’un grand magasin de stockage à l’est de celui-ci.
Si Chabaka marqua durablement de son empreinte la région, le souvenir de son successeur, Taharqa, est aujourd’hui plus encore associé à cette renaissance. À son avènement, le pouvoir napatéen était à son apogée. Taharqa multiplia alors les projets monumentaux au cours de la première décennie de son règne, tout en achevant ceux de Chabaka, comme à Médinet Habou.

Sur la rive nord du lac sacré de Karnak, il fit notamment construire un sanctuaire original dédié à l’aspect solaire d’Amon, Rê-Horakhty, où était célébrée la renaissance quotidienne du soleil, en lien avec les mythes osiriens et ceux se déroulant à Médinet Habou. Ce monument, par l’originalité de son architecture et la richesse de sa décoration, témoigne de l’intense activité intellectuelle de l’époque.
Thèbes, nécropole de l’élite kouchite
Avec l’arrivée des Kouchites au pouvoir, la ville connut une nouvelle phase de splendeur, dont les premières manifestations remontent aux règnes de Chabataka et Chabaka pour connaître son apogée sous Taharqa. Elle fut enrichie de plusieurs monuments culturels et funéraires, sur les deux rives du Nil et occupa de nouveau la place de capitale religieuse qui était la sienne sous le Nouvel Empire.

La nécropole de l’Assassif devint notamment un vaste chantier de construction à l’époque napatéenne pour accueillir les tombes de la nouvelle élite kouchite, véritables palais funéraires uniques dans l’architecture égyptienne.
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Le Djebel Barkal, la « montagne sacrée »

Cette montagne sacrée, énorme massif de grès qui se détache du désert environnant, cristallisa pendant des siècles, et plus particulièrement sous la XXVe dynastie, l’attention des souverains qui y édifièrent à ses pieds temples et palais.
Ce sont les Égyptiens qui pendant la période de colonisation investirent cette masse rocheuse en y reconnaissant la demeure du dieu Amon. Pendant la période napatéenne, les rois kouchites, qui vouaient un véritable culte à cette divinité, multiplièrent le nombre de sanctuaires qui lui étaient consacrés. Certains rois choisirent d’élargir les temples de leurs prédécesseurs, d’autres d’en fonder de nouveaux.

Au sein de cet ensemble architectural colossal se trouve le grand temple d’Amon, inauguré durant le règne de Thoutmosis III, puis agrandi jusqu’à l’époque napatéenne où il deviendra et demeurera le plus grand temple jamais construit au Soudan.
Les chefs-d’œuvre absolus de l’exposition « Pharaon des Deux Terres »
La XXVe dynastie a promu un courant antiquisant très original, qui avait commencé un peu auparavant à la période libyenne et qui va perdurer avec la XXVIe dynastie saïte. Cette mode, qui s’observe dans les thèmes choisis et les productions artistiques, marque la volonté des nouveaux représentants du pouvoir de s’inscrire dans une continuité historique.
Le sphinx de Chépénoupet II

Chépénoupet II, fille de Piânkhy et sœur de Taharqa, occupa la haute fonction de divine adoratrice d’Amon à Karnak pendant plusieurs décennies. De ce fait, elle reçut des prérogatives royales, comme celle d’être représentée en sphinx.
Les rois kouchites de la cachette de Doukki Gel

L’un des temps forts de l’exposition est la présentation de la reconstitution des sept statues monumentales de Doukki Gel, découvertes par l’équipe de Matthieu Honegger et Charles Bonnet en 2003. Ces statues qui représentaient les pharaons Taharqa, Tanouétamani et trois de leurs successeurs, avaient été brisées et remisées dans une fosse. C’est une découverte sensationnelle pour le grand public et plutôt récente à l’échelle des découvertes archéologiques.
Les versions originales sont aujourd’hui conservées au musée Kerma au Soudan. Les commissaires de l’exposition « Pharaon des Deux Terres » ont pris le parti de faire des reproductions sous forme de moulage de ces statues en granit avec des fils dorés.
La statue Horus Posno

Ce bronze de haute taille montre le très grand savoir-faire acquis par les artisans bronziers de cette période. Il appartenait à une composition plus vaste. Horus tend les bras pour verser de l’eau purificatrice d’un vase aujourd’hui disparu. Thot lui faisait face et accomplissait avec lui le rituel de purification pour le roi.
Pour aller plus loin :

Le hors-série Dossiers d’Archéologie sur l’exposition « Pharaon des Deux Terres. L’épopée africaine des rois de Napata » au musée du Louvre, conçu avec Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes au musée du Louvre, et les contributions des meilleurs spécialistes de la XXVe dynastie et du royaume de Napata en Nubie.
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Par Marie Lagrave
Mâtinée de multiples influences, à la fois slaves et méditerranéennes, la cuisine croate surprend par sa richesse et sa variété. La proximité de la Hongrie s’y ressent au travers de la présence de paprika dans de nombreux plats, comme le goulash, préparé ici plutôt avec de l’agneau. La viande y est à l’honneur, souvent grillée ou en ragout, qu’elle soit de porc, de bœuf ou de mouton. Comme sur tout le pourtour méditerranéen, on produit aussi charcuteries, huiles d’olive, fromages et vins. L’Italie, toute proche, y a apporté pâtes, pizzas, gnocchis et risottos, parfois revisités aux saveurs locales. Enfin, avec sa superbe côte et ses multiples îles, la Croatie séduira tout particulièrement les amateurs de poissons et de fruits de mer, préparés de mille et une façons. Les portions sont souvent généreuses, surtout dans les konoba (auberges traditionnelles), qui restent le meilleur moyen de découvrir la gastronomie croate.

Viandes
Très représentées dans la cuisine croate, les viandes se dégustent le plus souvent grillées. On goutera notamment les cevapi ou cevapcici, de petits rouleaux de viande (généralement un mélange de bœuf et d’agneau) hachée et grillée. Subtilement épicés, ils sont souvent consommés sur le pouce, dans du pain, avec des oignons frais ou de l’ajvar (une purée de poivrons). Cependant, plats en sauce et ragouts sont aussi très fréquents. Dans le nord du pays, on vous conseille la kotlovina, qui combine différents morceaux de viande (côtes de porc, saucisses, blanc de poulet…) longuement mijotés, souvent servis avec des pommes de terre. Une des spécialités de la Dalmatie est la pasticada, du bœuf braisé au vin rouge.

Poissons et fruits de mer
Avec près de 2 000 kilomètres de côtes et plus de 600 îles, la Croatie se devait forcément d’inviter poissons et fruits de mer dans nos assiettes. Poisson blanc, grillé, salade de poulpe, ragoût de fruits de mer, soupe de poisson, calamars frits… C’est un véritable festival de saveurs maritimes auquel vous convie la gastronomie croate. Parmi les plats les plus typiques et les plus étonnants, ne manquez pas le fameux risotto noir, un risotto à l’encre de seiche (qui lui donne sa couleur) agrémenté de fruits de mer variés.

Vins croates
Bien que peu connus en dehors des frontières du pays, les vins croates sont de belle qualité. On y produit majoritairement du vin blanc, mais le rouge n’est pas en reste. Parmi les cépages les plus réputés, nous pouvons citer le Dingac, un vin rouge de la péninsule de Peljesac, le Babic, un vin rouge de Dalmatie, le Malvoisie, un vin blanc sec d’Istrie ou le Posip, un vin blanc typique de l’île de Korcula. Enfin, le Grasevina est sans doute le vin blanc le plus répandu, surtout en Slavonie. Les puristes s’en indigneront sans doute, mais il n’est pas rare ici de couper son vin avec de l’eau.

Saveurs méditerranéennes
Si les plaines de Slavonie possèdent un climat continental et que le centre du pays, marqué par les Alpes dinariques, a un climat montagnard, toute la côte, de l’Istrie à la Dalmatie, jouit d’un climat méditerranéen qui se ressent fortement dans la cuisine croate. L’huile d’olive en est un des composant indispensable. Fabriquée ici depuis l’Antiquité, elle est considérée comme l’une des meilleures au monde. L’Istrie est particulièrement réputée pour sa production savoureuse. Charcuteries et fromages comptent également parmi les saveurs méditerranéennes de la Croatie. On y mange du jambon cru ou fumé, du salami… Le kulen est un saucisson de porc, rehaussé de paprika et d’ail. Produit principalement en Slavonie, c’est un mets très apprécié. Quant au fromage, le plus connu est celui de l’île de Pag, au lait de brebis.
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Les mezze : la cuisine grecque régale votre été !
par Emmanuelle Bons
Simplicité des ingrédients, simplicité des recettes, la cuisine grecque ne cherche pas à en mettre plein la vue. Et pourtant, quel délice ! Mondialement connue, elle est l’un des symboles dominants du pays. Toute l’authenticité de la Grèce y est condensée. Avec l’arrivée de l’été, sa gastronomie est une source intarissable d’idées pour tous vos repas conviviaux en famille ou entre amis. Nous vous proposons cette semaine plusieurs recettes de mezze qui, servis avec une simple salade, constitueront des repas rafraîchissants, sains et équilibrés !

Ktipiti
2 poivrons rouges (environ 200 g)
100 g de feta
2 yaourts à la grecque
huile d’olive
1 petite gousse d’ail
1 c. à soupe de paprika
Faites cuire les poivrons au grill puis retirez la peau, les graines et les parties blanches, et coupez-les en petits dés d’environ 5 mm.
Écrasez la feta, mélangez-la avec les yaourts à la grecque, les poivrons, l’ail préalablement haché, le paprika et un filet d’huile d’olive. Assaisonnez à votre convenance.
On peut éventuellement parsemer le mélange avec des pignons de pin grillés.
Servez avec du pain pita.

Tzatziki
- 1 concombre
- 2 yaourts à la grecque
- 1 gousse d’ail
- 1 demi botte de menthe
- 1 demi citron
- 2 c. à soupe d’huile d’olive
- sel, poivre
Lavez le concombre, coupez les extrémités puis coupez-le en petits dés ou en fines lamelles selon votre choix. Parsemez-le de sel et laissez-le dégorger 15 à 30 min puis épongez soigneusement.
Hachez la gousse d’ail.
Hachez les feuilles de menthe et gardez une branche pour la décoration.
Mélangez le yaourt avec l’huile d’olive, le jus de citron, la menthe hachée, l’ail haché, et le concombre. Salez, poivrez et mélangez bien.
Servez très frais.
Caviar d’aubergine
- 2 grosses aubergines
- 10 cl d’huile d’olive
- 6 gousses d’ail
- sel, poivre
Lavez les aubergines et coupez les extrémités.
Fendez-les en deux, incisez-les à l’intérieur afin d’introduire les gousses d’ail coupées en quatre et arrosez-les d’huile d’olive.
Enveloppez-les de papier aluminium et mettez-les dans un four chaud à 170°C pendant 60 min.
Une fois les aubergines cuites, extrayez la pulpe cuite et malaxez-la grossièrement jusqu’à obtenir une pâte légèrement grumeleuse.
Salez et poivrez.
Laissez refroidir et dégustez accompagné de pain pita.
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À Vienne, ça sent le cheval à deux pas du Palais de Sissi
Par Patrick Schouller
Vienne est une destination de choix pour les adhérents Arts et Vie, qui découvrent avec intérêt une architecture urbaine emblématique de l’Empire austro-hongrois, principalement à l’intérieur du Ring. Ils savourent aussi la visite de musées célèbres, dont le Belvédère et ses Klimt, ou le Kunsthistorisches Museum, ses Brueghel et sa Kunstkammer, 2 200 objets précieux collectionnés par les Habsbourg (quelle merveille que cette salière de Cellini en or repoussé sur socle d’ébène, réalisée en 1543 pour François 1er !).
À Vienne, où la circulation en centre-ville est quasi impossible, on marche beaucoup pour passer d’un site à l’autre. Enfin, on marche si l’on veut, car il existe bien sûr un réseau de transport urbain efficace alliant métro ultra-moderne, tramway d’un autre âge et même calèches pour nostalgiques. Mais il est amusant de voir, dans le petit passage couvert longeant le palais de la Hofburg, certains de nos adhérents se mettre à humer quelque chose, le regard inquisiteur. Mon Dieu, mais pourquoi cela sent-il autant le cheval à deux pas des appartements de Sissi ? Étrange, non ? Alors, l’accompagnateur arrête le groupe et dirige les regards vers les grandes baies vitrées latérales, qui ouvrent sur une vaste cour intérieure bordée de stalles. Avec parfois la vision de l’encolure d’un magnifique cheval gris qui les fixe lui aussi.
Les lipizzans de l’École d’Équitation espagnole de Vienne

Oui, nous sommes juste à côté de la célèbre École d’Équitation espagnole de Vienne (la Spanische Hofreitschule). Cette École est l’une des quatre en Europe à perpétuer l’art équestre classique de la Renaissance. Les trois autres sont le Cadre Noir de Saumur, l’École Royale andalouse d’art équestre de Jerez et son homologue portugaise de Queluz. L’École de Vienne ne cherche pas à innover, seule la tradition compte. C’est une démonstration d’équitation dans laquelle le cheval apparait plus sublimé que contraint par l’homme, et semble alors se déplacer dans la beauté de ses mouvements naturels.
Dès le début, cette École a été utilisée pour des cérémonies royales avant de s’ouvrir au public pour des représentations équestres musicales très prisées qui se déroulent juste à côté. Il suffit en effet de traverser le passage couvert pour atteindre un Manège magnifique, conçu entre 1729 et 1735 par l’architecte du baroque Joseph Emanuel Fischer von Erlach. Pendant plus de 450 ans les jeunes nobles de la monarchie autrichienne y ont appris à monter à cheval.
Mais revenons à notre nez inquisiteur : malgré toutes les précautions, ces 72 étalons à la robe d’un gris foncé ou presque blanc (selon l’âge !) sont obligés de traverser cette ruelle couverte pour passer des écuries au Manège, laissant parfois des traces malodorantes ! Mais même si ça sent le cheval, le spectacle est impressionnant et les appareils photos crépitent.
Un spectacle équestre exceptionnel

Généralement les voyageurs des circuits n’assistent pas à la performance des reprises équestres car il n’est pas simple d’obtenir des places. Mais certains groupes Arts et Vie, dans le cadre des voyages-événements par exemple, peuvent profiter de ce spectacle. J’ai eu cette chance et c’est assez impressionnant, même lorsque, comme moi, on n’y connait rien. Si certaines figures peuvent sembler anodines, les spécialistes apprécient le dressage et surtout la complicité homme/cheval nécessaire pour en arriver là. Enfin, je dis “homme”, mais il y a aussi des cavalières. Les uniformes, dans le style de ceux de nos Polytechniciens avec sabre et bicorne, donnent aussi une évidente majesté aux différentes reprises dans le cadre de ce manège grandiose.
Une anecdote sur cette École : c’est ici qu’est née l’expression « chapeau bas, Messieurs » en français, langue des Cours européennes. La tradition voulait que l’impératrice Marie-Thérèse ne se découvre jamais, la noblesse rarement, devant un subalterne. Pourtant, à l’issue d’une reprise particulièrement remarquée par l’Impératrice, celle-ci s’est levée, a soulevé son chapeau, ordonnant ainsi implicitement à toute la noblesse de saluer le cavalier méritant.
À découvrir lors du séjour : Vienne l’impériale
Pour aller plus loin :

Article en partenariat avec l’Office national du tourisme autrichien.
Nous remercions également chaleureusement l’Office du tourisme de Vienne pour les photos.

L’Italie, entre culture et dolce vita !
Par Emmanuelle Bons
Classée parmi les plus importantes destinations touristiques au monde, l’Italie regorge de trésors ! Depuis ses vestiges antiques qui apportent un éclairage passionnant sur l’Empire romain, jusqu’à ses splendides églises baroques, en passant par ses chef-d’œuvres de la Renaissance, ce pays séduit tous les passionnés d’art et les amoureux d’architecture. Mais plus qu’un lieu de pèlerinage culturel, ce pays baigné de soleil est aussi celui de la dolce vita, cette douceur de vivre qui commence dans les assiettes toujours savoureuses ! Partir en voyage en Italie est toujours la promesse d’étonnements, d’enrichissements et de rencontres conviviales qui donnent irrépressiblement envie d’y revenir !
CARTE D’IDENTITÉ
Capitale : Rome
Superficie : 302 073 km²
Nombre d’habitants : 59 257 566 habitants (en 2021)
Fuseau horaire : UTC+1 (pas de décalage horaire avec la France)
Monnaie : l’euro
Langues : La langue officielle du pays est l’italien même si les dialectes et les langues régionales subsistent.
Météo : En Italie, le soleil fait partie intégrante de la culture ! Le pays bénéficie en effet dans sa majeure partie d’un climat méditerranéen qui lui offre des températures douces en hiver et chaudes en été. Seule la région de la plaine du Pô est qualifiée de subtropicale humide avec davantage de précipitations en été et des hivers très doux. Quant à l’extrême nord, les Alpes lui apportent un climat montagnard avec une importante variation de températures entre l’hiver rude et l’été relativement doux.
LES INCONTOURNABLES DE L’ITALIE
L’Italie, un pays record à l’Unesco
Avec ses 55 sites honorés par la vénérable institution, l’Italie détient avec la Chine le record du monde de sites classés à l’Unesco ! On retrouve dans cette liste prestigieuse, des centres-villes aussi éblouissants que ceux de Rome, Sienne, Florence ou San Gimignano, des vestiges archéologiques majeurs comme Pompéi, Herculanum, Torre Annunziata, la vallée des Temples à Agrigente, mais aussi des sites naturels majeurs comme l’Etna, le mont San Giorgio, les forêts des Carpates… Impossible de citer tous les trésors dont regorge l’Italie ! La liste exhaustive est à retrouver ici !
Le Colisée de Rome

Véritable emblème de Rome, le Colisée constitue sans doute le plus impressionnant monument de la capitale italienne ! Avec ses 188 m de longueur sur 155 de largeur et 50 m de haut, ces arènes trônent en plein cœur de la cité depuis presque 2 000 ans ! Achevé en 80 ap. J.-C., après seulement 8 ans de travaux, il donne un aperçu de la puissance et de la magnificence de l’Empire romain mais aussi de la cruauté qui sévissait à cette époque. Il fut le théâtre des sanglants combats de gladiateurs mais aussi de l’exécution de nombreux chrétiens et de prisonniers dont le souvenir plane toujours sur les lieux. L’édifice fut fragilisé et partiellement détruit par de nombreux tremblements de terre et ses matériaux utilisés pour construire d’autres bâtiments de la ville, le laissant dans un état déplorable durant plusieurs centaines d’années. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle, durant l’occupation française, que les premiers travaux de restauration furent entrepris – chantier qui se poursuit encore de nos jours ! – afin de rendre à ce géant sa gloire et la majesté passée.
La basilique Saint-Marc à Venise

Des gondoliers à canotier, des masques exubérants, des pigeons par milliers… voilà sans doute les plus fréquents clichés attachés à la ville de Venise ! Oui mais voilà, la Sérénissime ne pourrait se résumer à ces charmants stéréotypes ! Son plus célèbre monument, la basilique Saint-Marc, offre notamment une belle entrée en matière pour en comprendre les fondements. On apprend ainsi qu’au IXe siècle, peu de temps après sa création, la très jeune cité avait besoin de gagner en prestige afin de se mesurer à ses rivales millénaires. Un doge chargea donc deux marins d’aller dérober les reliques de saint Marc en Égypte où il reposait, car cette très sainte dépouille assurerait le renom de Venise. Une basilique fut ensuite édifiée pour accueillir la dépouille qui conféra à la ville une renommée qui ne s’est jamais démentie. Le bâtiment que nous admirons aujourd’hui fut construit sur un modèle byzantin au Xe siècle avec ses quatre bras de taille identique et ses mosaïques dorées réalisées au fil du temps, entre les XIIIe et XVIe siècle. Nombre de ses ornementations proviennent de pillages opérés lors des conquêtes vénitiennes, comme par exemple les chevaux de bronze, visibles sur sa façade, dérobés à Constantinople. Modifiée et agrémentée au cours des siècles, la basilique demeure le cœur de la cité et en rappelle le passé tourmenté.
À lire également : Il faut sauver Venise
Les trullis d’Alberobello

Avec leurs petits pompons de pierre dressés vers le ciel bleu des Pouilles, les trullis d’Alberobello constituent l’une des plus grandes curiosités architecturales du sud de l’Italie ! Hérité de la Préhistoire, cette technique de construction en pierre sèche en encorbellement se retrouve dans toute la région mais la ville d’Alberobello constitue le plus important regroupement de ces étonnantes petites maisons. Outre leur valeur testimoniale, ces constructions forment de charmants quartiers dans lesquels il fait bon flâner…
La galeries des Offices à Florence

Grâce à sa place majeure dans l’histoire de l’art européenne, l’Italie possède quelques-unes des plus riches collections de tableaux et de sculptures au monde ! Le musée des Offices notamment fait partie de ces lieux incontournables qu’il faut avoir vu une fois dans sa vie ! Si le palais qui l’abrite fut édifié dès le XVIe siècle par Cosimo Ier de Médicis, son usage en tant que musée date de 1769 et les Médicis ont conclu en 1738 un Pacte de famille qui garantit qu’aucune œuvre d’art ne quittera Florence. On y découvre donc aujourd’hui des trésors inestimables du XIIe au XVIIIe siècle, pour l’essentiel issus des collections de la prestigieuse famille florentine parmi lesquelles on retrouve des noms aussi célèbres que Botticelli, Giotto, Piero della Francesca, Vinci… Un incontournable en particulier pour tous les amoureux de la Renaissance !
La pizza napolitaine

Imitée mais jamais égalée, la pizza napolitaine, inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis 2017, serait née 1889 grâce à un cuisinier local pour la reine Marguerite de Savoie en voyage à Naples. Avec ses ingrédients simples – tomates, mozzarella et basilic –, issus du terroir de la région et symbolisant les couleurs de l’Italie, la recette a fait le tour du monde au fil des vagues d’émigration et ainsi participé à la diffusion de la culture italienne.
À lire également : Le panforte, pour un Noël aux saveurs de Toscane
LES COUPS DE CŒUR DE NOS SPÉCIALISTES
Valérie Dabe, adjointe production pour Escapades et actions culturelles
« J’étais tout d’abord réticente à l’idée de me rendre sur l’île de Capri et préférais rester à Naples, cette ville si vivante que j’aime tant. J’avais des a priori et un peu peur du ”cliché jet set” et du tourisme de masse. Mais comme je suis de nature curieuse, que j’aime Oscar Wilde, le cinéma et l’architecture, impossible de ne pas se rendre sur le lieu des amours de l’écrivain avec Lord Alfred Douglas, ou ne pas avoir en tête les images de la villa Malaparte dans Le Mépris de Godard ou de la villa Vismara conçue par Le Corbusier. Une vraie révélation ! Sitôt passées les quelques rues animées aux boutiques luxueuses du centre de Capri où effectivement se massent en nombre les touristes, on découvre une autre facette de l’île bien plus authentique et calme, aux petites ruelles et aux maisons blanches. Il faut emprunter les sentiers côtiers ou se rendre à Anacapri, et se laisser séduire par les points de vue fabuleux depuis la villa San Michele et les parfums qu’exhalent les jardins. La montée au mont Solaro nous offre d’autres panoramas sur l’île mais aussi sur la baie de Naples. Depuis la mer et ses eaux cristallines, on redécouvre la beauté sauvage et abrupte de l’île. Je confirme, Capri est mythique ! »
Emmanuelle Bons, coordinatrice éditoriale
« Depuis ma plus tendre enfance, l’Italie a toujours fait partie de mes étés. J’ai appris à nager dans la mer Adriatique ; j’ai soupiré, adolescente, devant le balcon de Juliette à Vérone ; je suis tombée amoureuse de la Renaissance à Florence, j’ai savouré mon voyage de noces à Venise… et pourtant mon meilleur souvenir est tout simple. Nous visitions la Toscane par les « petites routes » et nous nous étions arrêtés pour déjeuner dans un petit restaurant perdu au milieu de la campagne. Et là, alors que vous étions attablés sur une petite terrasse ombragée, avec pour décor de douces collines ponctuées de cyprès, un air de violon s’est élevé dans l’air chaud de midi. C’était le fils du patron, très doué pour son âge, qui répétait sa Méditation de Thaïs. Tout semblait parfait ! Le paysage, cette musique, la douceur de l’air, mes tomates mozzarella ! Ce fut un de ces petits instants de grâce qu’offre le hasard des voyages et des rencontres. »
Découvrir tous les voyages Arts et Vie en Italie
Un voyage culturel en Europe avec Arts et Vie vous mènera ainsi en son berceau, la Grèce. D’Athènes à Épidaure, de Cnossos à Cythère, et de Corfou aux Cyclades, vous retrouverez partout, aux frontons des temples comme dans les formes simples des maisons blanchies à la chaux, ce sens de la mesure harmonique qui fit de la Grèce antique un modèle esthétique pour des siècles. À Athènes, vous comprendrez le sens de l’eurythmie à la vue de l’Érechthéion ou du Parthénon et suivrez au musée de l’Acropole les grandes étapes de l’art grec, de la civilisation mycénienne à l’art hellénistique.
Faire un voyage culturel en Italie, c’est aller à la rencontre de l’ancien Empire romain qui régna sur le monde antique et de la Mère-Patrie des arts qui engendra la Renaissance. De Rome à Florence, de Venise à Sienne, une constellation unique d’artistes de génie produisirent des œuvres au rayonnement universel, des Primitifs du Quattrocento aux grands maîtres de la Renaissance, Léonard, Raphaël, Michel-Ange. L’Italie, c’est aussi Venise, cette ville surgie des eaux où se mêlèrent Byzance, l’Orient et le Gothique dans le palais de la Ca’d’Oro ou à la Basilique Saint-Marc. Tandis que l’on doit aux peintres vénitiens comme Giorgione ou Titien un modelé plus sensuel des chairs et une perspective atmosphérique obtenue par la couleur et par la lumière. Un voyage en Italie ne saurait oublier la baie de Naples, le Vésuve, Sorrente et la côte almafitaine, grand jardin suspendu sur la mer tyrrhénienne.
En France, Paris reste toujours Paris, avec ses hôtels particuliers du Marais des XVIIe et XVIIIe siècles au bel ordonnancement régulier, ses grands boulevards haussmanniens, ses musées aux collections exceptionnelles comme Le Louvre ou le musée d’Orsay, sa place de la Concorde et ses Champs-Élysées, ses quartiers de Montmartre ou de Montparnasse marqués par les Impressionnistes, les Fauves ou les Cubistes. La richesse culturelle de la France est aussi dans ses régions : vous irez à la découverte de la romanité en Provence, de la culture cathare autour de Carcassonne, de l’Alsace des marchés de Noël, mais aussi des grands festivals d’été comme ceux de Marciac ou de la Roque-d’Anthéron.
Ceux qui aiment le Sud profond feront un voyage culturel en Espagne ou au Portugal. L’Espagne est diverse, car elle fut ouverte aux nombreuses influences extérieures : celles de la civilisation romaine et de la civilisation arabe, celle de l’Italie, de l’Europe du Nord et de la France du Sud-Ouest. Puis c’est l’Espagne qui rayonnera sur l’Europe, avec le Siècle d’or, ses artistes majeurs, ses monarques absolus et les conquêtes de son immense empire colonial De la Catalogne à l’Aragon, de l’Estrémadure à l’Andalousie, un voyage culturel avec Arts et Vie vous fera voir cette Espagne aux multiples visages, qui s’enrichit de l’apport de la culture cistercienne comme de celui des princes omeyades en Andalousie. C’est à Madrid que l’Espagne du Siècle d’or connut un rayonnement sans pareil jusqu’au XVIIe siècle. Le musée du Prado en témoigne par la richesse exceptionnelle des œuvres venues du foyer andalou, celles de Ribera, de Zurbaran ou de Vélasquez.
Un autre génie de la peinture espagnole, Le Greco, a marqué l’art européen par la puissance de ses représentations. Vous le retrouverez à Tolède, au musée qui porte son nom, et dans l’église San Tomé. Le Greco a beaucoup influencé Picasso dont vous pourrez voir les œuvres à Barcelone. À Barcelone les architectures foisonnantes et organiques du mouvement moderniste imposeront leur forte présence, de Lluis Domenéch Montaner à Antoni Gaudí. Au Portugal, vous retrouverez les vestiges glorieux qui firent de ce petit pays l’une des principales puissances maritimes d’Europe et lui virent jouer un rôle majeur dans les Grandes Découvertes, grâce à des rois comme Henri le Navigateur ou Manuel Ier et des navigateurs comme Bartolomeu Dias et Vasco de Gama. Ainsi s’étendirent ses frontières bien au-delà des mers, jusqu’au Congo, au Cap-Vert et au Brésil. Si vous préférez le Nord, ses paysages et ses mythologies, Arts et Vie vous emmènera en Autriche, découvrir le rococo des églises et des palais ou admirer l’art de la Sécession viennoise, ses architectures nouvelles et ses peintres flamboyants comme Klimt ou Franz von Stuck.
En Allemagne, vous irez sur les traces nombreuses et glorieuses qui firent l’Empire carolingien, le Saint-Empire romain germanique, puis la monarchie des Habsbourg. En remontant le cours des fleuves comme le Rhin, l’Elbe, la Moldau ou le Danube, vous découvrirez les villes médiévales qui fascinèrent les romantiques. Ou visiterez Salzbourg qui vit naître Mozart et dont le centre à l’architecture baroque et italianisante, se caractérise par une profusion de flèches et de dômes eux-mêmes dominés par la silhouette monumentale et austère de la forteresse de Hohensalzburg.
Toujours plus au nord, vous pourrez choisir la ligne claire des pays scandinaves, dont les grands architectes et designers créèrent un nouvel art de vivre qui est toujours le nôtre. Plus à l’est, enfin, c’est la grande Russie. À Moscou, vous admirerez la Place Rouge et la forteresse du Kremlin entourée de ses nombreux palais et cathédrales sommés de bulbes d’or et de coupoles colorées. À Saint-Pétersbourg, vous découvrirez une « Venise du Nord » aux quatre-cents ponts et aux nombreux canaux, surgie des marécages en 1703 par la volonté visionnaire du seul Pierre Le Grand. À moins qu’une croisière au fil de la Néva ou de la Volga ne vous mène jusqu’en Carélie ou à la découverte des villes orientales comme Kazan la tatare ou Samara la turco-mongol.