par Josiane Bellevue
J’appartenais à ces sceptiques, à ceux que le tourisme de masse a laissés désabusés, qui observent le folklore avec un œil distant, presque cynique. Pour moi, la fête du Soleil à Cuzco était l’un de ces spectacles conçus pour des globe-trotters en quête d’une culture édulcorée et artificielle. Pourtant, une chose me retenait : ce n’est pas dans les habitudes d’Arts et Vie de tomber dans le piège des artifices. Leurs circuits sont authentiques, loin des mises en scène pour touristes. Alors, j’ai décidé de laisser mes préjugés à l’hôtel et de me joindre au groupe pour assister à cette cérémonie. Et je dois bien l’admettre : je n’ai pas été déçue.
Un cadre spectaculaire
Je me tenais là, sur la place principale de Cuzco, la Plaza de Armas, entouré d’une foule bigarrée et joyeuse, dans l’attente du grand événement : l’Inti Raymi, la fête du Soleil. Ce jour-là, le cœur de l’ancienne capitale inca battait au rythme des tambours ancestraux. Autour de moi, les murs de pierre, taillés avec une précision presque divine, semblaient murmurer les échos d’un passé grandiose, tandis que les sommets andins observaient, impassibles, la renaissance d’une tradition vieille de plusieurs siècles.
Le parfum de l’encens flottait dans l’air, se mêlant à celui des fleurs colorées disposées avec soin le long des rues pavées. Des chants quechuas s’élevaient, comme une incantation à l’astre solaire, invoquant la protection des dieux sur la terre et ses habitants. Devant nous, des centaines de danseurs vêtus de costumes éclatants défilaient, chacun représentant une province de l’empire, leurs mouvements coordonnés formant une chorégraphie d’une beauté saisissante.
La splendeur de l’Inca
Soudain, le cortège royal apparut. Porté sur une litière d’or étincelant, l’Inca, réincarnation vivante du Soleil, avançait lentement vers le temple de Sacsayhuamán, accompagné de sa suite majestueuse. Son visage, impassible, semblait refléter toute la sagesse de ses ancêtres. La foule, dans un silence respectueux, s’ouvrit pour laisser passer ce souverain légendaire, incarnant l’alliance sacrée entre les hommes et les dieux.
Le défilé nous conduisit jusqu’aux imposantes ruines de Sacsayhuamán, où le rituel culmina. Là, sur cette esplanade ouverte sur les cieux, l’Inca adressa une prière au Soleil, levant les bras vers le ciel pour capter ses premiers rayons. Nos sièges sur les gradins bien placés réservés par Arts et Vie nous permettent de jouir du spectacle sans bousculade.
Je ressentis alors l’intensité spirituelle de ce moment : il ne s’agissait pas simplement d’une reconstitution historique, mais d’un acte vivant, vibrant, enraciné dans la terre et le ciel. Les offrandes furent déposées : du maïs, de la chicha, des feuilles de coca, tous des symboles de prospérité.
L’âme d’un peuple
La journée s’acheva dans une explosion de couleurs et de joie. Musiques, danses et rires résonnaient encore dans les rues de Cuzco. En me retournant une dernière fois vers Sacsayhuamán, je ressentis profondément la force de cette tradition, à la fois célébration du passé et témoignage d’une identité vivante, toujours vibrante au cœur des Andes.
Ce jour-là, j’avais touché du doigt l’âme d’un peuple et d’une culture qui, malgré les siècles, continue de vivre à travers chaque battement de tambour, chaque rayon de soleil, et chaque pierre des temples sacrés.
Pour les Péruviens, l’Inti Raymi représente bien plus qu’une simple festivité : c’est une manière de renouer avec leur passé, de maintenir vivantes les traditions ancestrales, et de célébrer une identité qui, malgré la colonisation et la modernisation, reste profondément ancrée dans l’histoire inca. Cet événement est donc un puissant symbole d’appartenance culturelle et de transmission des racines préhispaniques aux nouvelles générations.
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