Traditions et saveurs de l’Épiphanie

Par Emmanuelle Bons

Article originellement publié dans le Plus d’Arts et Vie

Les fêtes de fin d’année s’achèvent toujours par un joyeux événement aux alentours du 6 janvier à laquelle petits et grands participent. Héritée de célébrations païennes ancestrales, l’Épiphanie est devenue une date importante du calendrier pour les chrétiens, mais aussi pour tous les gourmands qui se rassemblent pour couronner le roi de la journée. Différentes selon les pays, les jolies coutumes qui entourent cette fête donnent lieu à de délicieuses réjouissances dont nous vous offrons quelques secrets.

Des origines antiques

La vie des hommes a toujours été rythmée par les grands cycles de la nature : les phases de la lune, les crus des fleuves, le passage des saisons… Ainsi, au cœur de l’hiver, période rude et difficile, le solstice du 21 décembre marque la nuit la plus longue de l’année mais surtout l’amorce du rallongement des jours et donc la renaissance de la lumière. Noël fait ainsi partie de ce cycle de renouveau qui s’achève le 6 janvier lorsque le soleil commence sensiblement à se coucher plus tard. On célèbre alors l’Épiphanie qui signifie en grec “manifestation”, “apparition”.

L’Hiver ou Les Saturnales, tableau de Antoine-François Callet (1783)
L’Hiver ou Les Saturnales, tableau de Antoine-François Callet (1783) © Wikimedia Commons

Durant l’Antiquité, les Romains fêtaient à ce moment du calendrier les Saturnales, qui rendaient grâce à Saturne, dieu du temps. Sept jours durant, la société tout entière se trouvait bouleversée : le travail cessait, les tribunaux et les écoles fermaient et surtout l’autorité des maîtres sur les esclaves était suspendue. Les rôles pouvaient même être inversés et les maîtres amenés à servir leur domesticité. Les soldats choisissaient, en tirant au sort avec une fève, un prisonnier condamné à mort qui devenait roi durant cette période.

Chez les Grecs, c’est à Dionysos que l’on rendait hommage. Lui qui régnait sur la période hivernale de l’année, mourait avec le déclin de la végétation mais renaissait avec la lumière croissante. Selon la légende, Dionysos aurait été démembré par les Titans mais serait revenu à la vie suite à l’intervention de Rhéa, la mère de Zeus.

Comme bien des fêtes païennes, les Saturnales et les célébrations à Dionysos ont évolué au fil du temps puis furent reprises et adaptées par la tradition chrétienne. Aux alentours du IVe siècle, elles sont devenues l’Épiphanie, qui commémore chez les catholiques la visite et l’adoration de Jésus par les Rois mages, tandis que les Églises d’Orient célèbrent à cette date le baptême du Christ dans le Jourdain.

Une tradition bien vivante

L’Épiphanie, célébrée aujourd’hui dans tout l’Occident, s’accompagne de traditions souvent symboliques, différentes dans chaque pays.

En France : la galette à la frangipane

galette des rois
© Wikimédia Commons

En France, on déguste depuis le XVIe siècle un gâteau dans lequel on place une fève afin de désigner le roi de la journée. Une coutume qui n’est pas sans rappeler celle des soldats romains durant les Saturnales de l’Antiquité. Dans une grande partie du pays on partage une galette le plus souvent fourrée de frangipane (même si de nombreuses variantes apparaissent ces dernières années), dont la forme ronde et la couleur dorée évoquent le soleil et le retour de la lumière

En Espagne et au Portugal : le gâteau des rois

Dans le sud de la France, mais surtout en Espagne et au Portugal, on se réunit autour d’une sorte de brioche en couronne qui rappelle celle des Rois mages, fourrée de fruits confits.

En Espagne, c’est à l’Épiphanie, jour férié, que les enfants reçoivent leurs cadeaux et non à Noël. Cette tradition rappelle les offrandes que les Rois mages ont apportées à l’enfant Jésus douze nuits après sa naissance. Les familles partagent un gâteau des rois parfumé à l’orange ou au citron dans lequel est dissimulé une pièce d’argent, une figurine de porcelaine ou un haricot blanc.

En Italie : la légende de le Befana

En Italie, la Befana, fée bienfaitrice vêtue de noir et montée sur un balai, apporte des friandises aux enfants sages et un morceau de charbon aux plus désobéissants. Selon la légende, cette vieille femme aurait rencontré les Rois mages sur leur chemin qui lui auraient proposé de les accompagner. Prise de remords après avoir refusé, elle aurait rempli son sac de biscuits et de fruits secs et serait partie à leur recherche en vain. Elle déposerait depuis ses petits présents aux enfants. On déguste à cette période de petits gâteaux secs appelés befanini en son honneur.

Au Mexique : l'Épiphanie pour organiser la Chandeleur

© Pexels

Au Mexique, l’Épiphanie est une fête importante que l’on prépare 10 jours avant Noël en apportant sur la place du village des gourmandises qui serviront à remplir les piñatas (grosses figurines en poterie ou en papier mâché très colorées) qui seront brisées par les enfants, déversant tout leur contenu comme des cornes d’abondance. Là-bas, mais aussi dans un grand nombre de pays sud-américains, on déguste une rosca de los reyes, assez similaire au gâteau espagnol. Celui qui trouve la fève (souvent une petite figurine représentant l’enfant Jésus) devra organiser la fête de la Chandeleur. Une bonne raison pour avaler la fève ?

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