« Jan van Eyck : une révolution optique »
Par Mathilde Briot
Alors que s’ouvre bientôt au Rijksmuseum d’Amsterdam une grande exposition dédiée à Vermeer, fortement attendue par tous les férus de peinture, je me souviens avec émotion d’une autre exposition-évènement, à laquelle j’ai eu la chance de pouvoir aller avec Arts et Vie. En 2020 se tenait en effet à Gand la plus grande exposition jamais consacrée à cet autre peintre flamand incontournable : « Jan van Eyck : une révolution optique ». À cette occasion, trois escapades Arts et Vie étaient programmées entre février et avril… Mais, rappelez-vous, le monde était alors inquiet et suspendu à l‘évolution de la crise sanitaire. La Covid se répandait et nous attendions les masques, espérions les vaccins… bref, dans ce contexte, sur les 25 inscrits, nous étions finalement seulement 14 téméraires et passionnés à partir pour l’escapade programmée du 10 au 13 mars 2020…
Gand et Jan van Eyck
Les deux premiers jours de cette escapade étaient consacrés à la découverte de Gand. Parmi les multiples merveilles de cette ville étaient notamment prévues les visites de la cathédrale Saint-Bavon – qui conserve le fameux polyptyque de L’Adoration de l’Agneau mystique peint par Van Eyck – et du musée des Beaux-Arts, dans le cadre de cette fameuse exposition.
L’exposition du musée des Beaux-Arts débutait par une présentation de la restauration des volets extérieurs du polyptyque, avec notamment les volets intérieurs originaux, Adam et Ève, dont la nudité et le réalisme ont longtemps fait scandale. Les deux panneaux ont en effet d’abord été enlevés et cachés, puis remplacés par une copie les représentant habillés, et ce n’est que très récemment que le polyptyque a retrouvé son apparence originelle.
La suite de l’exposition permettait d’observer la technique et les perspectives de l’artiste à travers plusieurs autres tableaux, mais également de comparer ses oeuvres à celles de ses contemporains. Cette exposition était véritablement exceptionnelle : alors que seules une vingtaine d’œuvres de Van Eyck sont conservées dans le monde, au moins la moitié d’entre elles avaient fait le voyage jusqu’à Gand. Elles y côtoyaient des œuvres de l’atelier de Van Eyck et des copies de tableaux aujourd’hui disparus, mais aussi plus de 100 chefs-d’œuvre du bas Moyen Âge. Non moins de treize salles du musée des Beaux Arts avaient été réaménagées à cet effet.
Et surtout, ce 11 mars 2020, nous étions très peu nombreux dans les salles. Le guide du musée a ainsi pu passer du temps à nous commenter les tableaux, en insistant sur des détails, parfois minuscules, que nous n’aurions bien sûr pas pu apprécier s’il y avait eu foule. Ce fut ainsi une visite quasi-privatisée de l’exposition, qui nous permis de profiter d’une extraordinaire proximité avec les œuvres du grand maître flamand. Nous étions aux anges !
Bruges et le coronavirus
Après Gand, notre escapade s’est poursuivie à Bruges dont nous avons pu arpenter le centre-ville le troisième jour de notre circuit. Le virus se montrait cependant de plus en plus menaçant et la Belgique a alors annoncé fermer ses restaurants pour le lendemain soir, le 13 mars à minuit, pour une durée de trois semaines. Cette annonce n’impactait à priori pas la suite de notre programme puisque notre retour à Paris était prévu en fin d’après-midi. Nous étions donc toujours très optimistes et nous nous réjouissions à l’idée de visiter les musées Memling et Groeninge dans les mêmes conditions que l’exposition Van Eyck.
Le 13 mars, pour notre dernier jour donc, nous nous sommes rendus avec notre guide au musée Memling pour son ouverture à 9 h 30, et patatras ! Sans aucun panneau indicatif, les portes du musée sont restées fermées… ainsi que celles du Groningemuseum. La fermeture des musées, sans annonce officielle, précédait en fait celles des restaurants ! Nous avions donc été extrêmement chanceux avec l’exposition Van Eyck car elle avait, quant à elle, fermé prématurément ses portes dès le 12 mars.
Il nous fallait cependant occuper notre journée jusqu’au soir, sans un seul musée ouvert. Notre guide a alors confirmé son professionnalisme et sa connaissance de la ville : « Les musées sont fermés ? Eh bien, nous visiterons les églises ! »
Nous avons ainsi découvert la cathédrale Saint-Sauveur, l’église Saint-Basile et l’église Saint-Jacques, dont plusieurs tableaux pourraient eux aussi figurer dans les musées : La légende de sainte Lucie (1480) d’un primitif flamand anonyme, le triptyque Van Joos van Belle (1556) de Pieter Pourbus, l’épitaphe de Van Zeger van Male (1578) peinte par Pieter Pourbus, et une Vierge à l’enfant de Luca della Robbia. Ces œuvres ont ainsi permis à notre guide de nous rappeler les liens entre « l’Italie » et les Flandres.
Notre dernier jour fut ainsi totalement chamboulé par l’actualité sanitaire, mais brillamment aménagé par notre guide. Et puis Bruges n’étant pas si loin, il nous suffira d’y revenir quand les musées rouvriront ! Nous avions au moins pu profiter de l’exposition-évènement Van Eyck, qui, elle, ne sera sans doute pas réorganisée de sitôt !
Nous sommes rentrés comme prévu le 13 mars au soir à Paris, tous enchantés par cette escapade. Le 14 mars au soir, les restaurants fermaient en France et le confinement généralisé démarrait le 17 mars… nous avions alors tout le temps de revoir l’exposition avec la visite virtuelle proposée par le musée des Beaux-Arts (encore visible aujourd’hui).
Découvrir nos circuits en Belgique et aux Pays-Bas : Sur les traces des maîtres flamands, Flâneries flamandes et Amsterdam célèbre Vermeer
En savoir plus :
À l’occasion de l’exposition-évènement Vermeer à Amsterdam, nous offrons à nos adhérents une conférence en ligne sur Vermeer, présentée par Nadège Monnéger, guide-conférencière. Pour y assister, rendez-vous dans votre espace adhérent mercredi 25 janvier 2023, à 17 h 30. La conférence restera visible pendant ensuite deux semaines.