À Vienne, ça sent le cheval à deux pas du Palais de Sissi
Par Patrick Schouller
Vienne est une destination de choix pour les adhérents Arts et Vie, qui découvrent avec intérêt une architecture urbaine emblématique de l’Empire austro-hongrois, principalement à l’intérieur du Ring. Ils savourent aussi la visite de musées célèbres, dont le Belvédère et ses Klimt, ou le Kunsthistorisches Museum, ses Brueghel et sa Kunstkammer, 2 200 objets précieux collectionnés par les Habsbourg (quelle merveille que cette salière de Cellini en or repoussé sur socle d’ébène, réalisée en 1543 pour François 1er !).
À Vienne, où la circulation en centre-ville est quasi impossible, on marche beaucoup pour passer d’un site à l’autre. Enfin, on marche si l’on veut, car il existe bien sûr un réseau de transport urbain efficace alliant métro ultra-moderne, tramway d’un autre âge et même calèches pour nostalgiques. Mais il est amusant de voir, dans le petit passage couvert longeant le palais de la Hofburg, certains de nos adhérents se mettre à humer quelque chose, le regard inquisiteur. Mon Dieu, mais pourquoi cela sent-il autant le cheval à deux pas des appartements de Sissi ? Étrange, non ? Alors, l’accompagnateur arrête le groupe et dirige les regards vers les grandes baies vitrées latérales, qui ouvrent sur une vaste cour intérieure bordée de stalles. Avec parfois la vision de l’encolure d’un magnifique cheval gris qui les fixe lui aussi.
Les lipizzans de l’École d’Équitation espagnole de Vienne
Oui, nous sommes juste à côté de la célèbre École d’Équitation espagnole de Vienne (la Spanische Hofreitschule). Cette École est l’une des quatre en Europe à perpétuer l’art équestre classique de la Renaissance. Les trois autres sont le Cadre Noir de Saumur, l’École Royale andalouse d’art équestre de Jerez et son homologue portugaise de Queluz. L’École de Vienne ne cherche pas à innover, seule la tradition compte. C’est une démonstration d’équitation dans laquelle le cheval apparait plus sublimé que contraint par l’homme, et semble alors se déplacer dans la beauté de ses mouvements naturels.
Dès le début, cette École a été utilisée pour des cérémonies royales avant de s’ouvrir au public pour des représentations équestres musicales très prisées qui se déroulent juste à côté. Il suffit en effet de traverser le passage couvert pour atteindre un Manège magnifique, conçu entre 1729 et 1735 par l’architecte du baroque Joseph Emanuel Fischer von Erlach. Pendant plus de 450 ans les jeunes nobles de la monarchie autrichienne y ont appris à monter à cheval.
Mais revenons à notre nez inquisiteur : malgré toutes les précautions, ces 72 étalons à la robe d’un gris foncé ou presque blanc (selon l’âge !) sont obligés de traverser cette ruelle couverte pour passer des écuries au Manège, laissant parfois des traces malodorantes ! Mais même si ça sent le cheval, le spectacle est impressionnant et les appareils photos crépitent.
Un spectacle équestre exceptionnel
Généralement les voyageurs des circuits n’assistent pas à la performance des reprises équestres car il n’est pas simple d’obtenir des places. Mais certains groupes Arts et Vie, dans le cadre des voyages-événements par exemple, peuvent profiter de ce spectacle. J’ai eu cette chance et c’est assez impressionnant, même lorsque, comme moi, on n’y connait rien. Si certaines figures peuvent sembler anodines, les spécialistes apprécient le dressage et surtout la complicité homme/cheval nécessaire pour en arriver là. Enfin, je dis “homme”, mais il y a aussi des cavalières. Les uniformes, dans le style de ceux de nos Polytechniciens avec sabre et bicorne, donnent aussi une évidente majesté aux différentes reprises dans le cadre de ce manège grandiose.
Une anecdote sur cette École : c’est ici qu’est née l’expression « chapeau bas, Messieurs » en français, langue des Cours européennes. La tradition voulait que l’impératrice Marie-Thérèse ne se découvre jamais, la noblesse rarement, devant un subalterne. Pourtant, à l’issue d’une reprise particulièrement remarquée par l’Impératrice, celle-ci s’est levée, a soulevé son chapeau, ordonnant ainsi implicitement à toute la noblesse de saluer le cavalier méritant.
À découvrir lors du séjour : Vienne l’impériale
Pour aller plus loin :
Article en partenariat avec l’Office national du tourisme autrichien.
Nous remercions également chaleureusement l’Office du tourisme de Vienne pour les photos.